Terres du Nord (Ouest de Jilin)

Le soir tombait lorsque le petit groupe gagna la forêt de pin, aux ombres très serrées...
Le chemin s'était déroulé sans encombre majeures et rien n'avait laissé soupçonner aux patrouilles Jin que les neufs personnes qui le composait représentaient un quelconque danger pour eux : on s'interessait rarement à une charrette de fourrage tirée par deux boeufs anémiques.

- Le contact devrait se trouver ici. C'est Pan qui nous l'envoie. Apparement, il est doué pour se faufiler entre les lignes et il travaille pour le Gai Bang fit l'un des hommes en direction du plus mince, qui semblait être le chef

- Mmm fit-il en hochant la tête, dégageant son visage du foulard qui enserrait son cou n'oublions pas qu'en ces périodes troublées, les hommes de confiances sont des denrées précieuses. Les coeurs changent rapidement pour une poignée d'argent.
Nous verrons sur place.

La forêt fût rapidement recouverte par les ténèbres et aucun son ne semblait en sortir. L'homme était-il en retard ?
Les membres du Gai Bang étaient les spécialistes de la dissimulation, mais leurs membres étaient souvent difficilement contrôlables : qui pouvait se vanter de commander une armée de mendiant, vagabondant de région en région en glânant quelques pièces pour survivre ?

Kong Fu Ling, plus communément nommée Yu She, avait suivi le convoi sans dire un mot depuis plusieurs heures. Marchant d'un pas égal à l'avant droit le long de la limite du chemin et de la forêt, le visage obscurci par son chapeau de paysan et la main sur sa besace en bandouillère, elle était d'un calme mortel, écoutant sans bruit les conversations des autres mercenaires. Les hommes du Gai Bang bénéficiaient d'un a priori positif de son point de vue et elle les avait croisés à plusieurs reprises lors de ses pérégrinations, mais sa confiance était trop précieuse pour être bradée. Elle était offerte aux individus, pas aux organisations.

Les yeux noirs de la jeune femme fouillèrent tranquillement les bois au fur et à mesure de son avancée, attendant d'y déceler la présence du mendiant.

Il devenait de plus en plus clair à la jeune femme que le groupe qu'elle accompagnait n'était pas de simples traficants, ni même de bandit.
Il lui semblait même avoir entendu l'un d'entre eux appeler le chef du groupe "Capitaine" ou "Général", la nuit dernière tandis que Yu She commençait à sombrer dans le sommeil. Leur organisation, leur obéissance sans faille lui faisait de plus en plus soupçonner une opération militaire d'envergure...
Le Gai Bang était connu pour ses actions patriotes : ils étaient avant tout les yeux et les oreilles de l'Empereur et démarcher un de leur membre pour un de leur membre pour un groupe de mercenaire anonyme ne leur ressemblait pas.
Plus le voyage touchait à sa fin, plus la jeune femme avait l'impression quelque chose de laborieux et de souterrain se mettait en place, comme si l'armée réagissait aux incursions Jin par une voie détournée, par éviter d'attirer l'attention de la cour.

Yue Shi avait réussi à prendre environs deux jour de repos dans une auberge située relativement proche du lieu de rencontre.

Il en profita pour faire quelques achats comme un plus grand sac qui se porte en bandoulière, quelques mets qui se conserve longtemps, une gourde et une nouvelle bourse , mais qui n'allait pas être très utile si il continue de dépenser ce qu'elle doit contenir. Le musicien s'informa aussi sur le lieu de rendez-vous ainsi que le chemin à prendre pour aller là à la forteresse.

Il enfila son vieux han fu noir et blanc puis partie de nuit pour arriver assez tôt, pour repérer un peu le terrain et trouver de quoi se cacher pour « évaluer » ses « amis ».

Yue Shi adorait la forêt, surtout la nuit, calme en apparence mais presque aussi active que le jour. Pendant sa formation, il allait souvent la nuit faire de longue balade dans la forêt, grimpant aux branches, écoutant les yeux fermés, la subtiles musique des arbres et de leurs habitants.

Le matin allait bientôt se lever quand il arriva au point de rendez-vous. Le jeune homme scruta un les arbres alentours pour trouver un bon point de vue et surtout une bonne cachette. Il trouva alors pins qui lui convenait, facile d'accès et assez touffu pour le dissimuler convenablement. Le musicien monta. Arrivé à environs, quatre mètre et demi du sol il trouva une branche très accueillante et décida de si installé en attendant l'arrivée du groupe.

Il venait de fermé les yeux quand il entendit un groupe approcher, cela devait être eux. Une petite troupe de personnes s'arrêta à un ou deux mètres sont arbre.

Une fois la nuit tombé et après s'être assuré que c'était eux qu'il attendait, il décida qu'il était temps de se faire connaître et il sorti sa flûte. Le Gai Bang était connu pour être un repère de gens fantasque autant faire honneur à cette réputations.

Yue Shi commença à jouer doucement, une petite mélodie calme et lente comme si il voulait qu'elle soit assez légère pour être porté par le vent. Il augmenta légèrement le volume mais juste assez pour être distingué parmi le bruissement du feuillage.

Yu She n'aimait pas vraiment les surprises. Sans doute un effet de son léger orgueil, ou d'une tendance à vouloir contrôler son environnement. Ne pas savoir ce qu'ils transportaient était un affront fait à sa curiosité et probablement également à son intégrité, mais elle pouvait le supporter dans la mesure où la paie était suffisante. Se planquer au sommet d'un arbre et se déclarer par un air de musique était moins à son goût. Elle avait toujours été du genre à faire face sans ambages, hésitations, ni fioritures. Il faut dire que la jeune femme n'avait jamais eu aucun goût pour l'art, excepté peut-être le martial.

Elle s'arrêta sans montrer un quelconque signe d'agressivité ou de préparation au combat, et leva le visage un peu exagérément pour voir sous l'arc de cercle de son chapeau de paille. Lorsque ses yeux déjà habitués à l'obscurité la percèrent enfin, et sans encore tout à fait saisir les traits du musicien à demi dissimulé par les branchages, elle décida de prendre la parole.

- Descends de ton perchoir et montre-toi, dit-elle simplement d'une voix calme, mais sûre et autoritaire.

A son ton, il était clair qu'au moindre mouvement agressif ou de fuite de l'intéressé, elle serait parmi les premiers à bondir. On ne la payait pas pour faire des beaux mots et de la diplomatie et, malgré tout, on n'était jamais à l'abri d'une mauvaise rencontre.

- Inutile de s'inquiéter....Les membres du Gai Bang ont souvent ce genre de comportement farfelu sourit le chef du groupe... Nous sommes les envoyés du Da Song, es tu celui-que Pan nous a recommandé ?

Le musicien sourit et s'arrêta de jouer quand une voix, l'interpella et lui dit de descendre mais, allez savoir pourquoi cela ne l'incitait pas à le faire.

L'homme qui semblait le chef du groupe lui parla alors.

« Nous sommes les envoyés du Da Song, es tu celui-que Pan nous a recommandé ? »

Yue Shi sourit et répondit:

« Je pense que vous savez qui je suis, sinon vous n'auriez pas révélez, j'espère, le nom de notre ami commun ainsi que votre origine. »

Il rangea sa flûte et repris son sac qu'il avait accroché sur une branche proche. Il commença à descendre et un fois arrivé, souriant, il dit:

« Bien le bonsoir à vous, belle nuit pour grimper aux arbres, vous ne trouvez pas? »

Contrairement à ce que semblait penser Qi, Yu She ne s'inquiétait pas. Sûre de sa force et de ses talents, elle ne ressentait aucune forme de peur. Elle considérait simplement cette façon d'agir comme puérile. Ils n'étaient pas venus pour assister à un spectacle de comédie.

Des yeux plus ou moins inexpressifs se fixèrent sur le jeune homme pour le jauger lorsqu'il fut descendu de son arbre. Restant immobile et puisque tout ce qu'elle savait de la mission était qu'il fallait rencontrer le contact en ce point précis, elle se tut et décida d'observer le déroulement des évènements.

- Alors ne tergiversons pas...La route est elle sûre jusqu'à Tian Chi...Nous avons croisé suffisamment de patrouilles ces derniers temps et les fortunes ne nous suivront pas éternellement. Qu'en est il ? fit le meneur du groupe avec fermeté.

Il fit mine de réfléchir et dit:

-Les forces de Jin se sont massées à notre prochaine étape, mais ils n'ont pas l'air alertés, ce n'est sûrement qu'un simple mouvement de troupe. Plusieurs rumeurs circulent sur la venue, secrète, d'un magistrat, ils devraient moins se préoccuper de notre petite excursion en revanche beaucoup de contrôle sont effectués.

Il se gratta un peu le menton et rajouta:

-Il faudra faire attention mes amis ont croisés la secte du quatrième Cinabre et il semble chercher quelqu'un cela pourrais nous faire du tort.

Le musicien fit une petite pause et repris:

-Nous pouvons allonger notre foulé en passant par la route mais cela augmenteras la distance de notre voyage.

Yu She continuait à observer le jeune homme, décortiquant chacune de ses expressions faciales. Ne pas passer par la route n'était pas une mauvaise idée, mais elle souffrait d'une faille aussi évidente que fatale... Son visage se tourna vers le chef de la caravane et elle décida de prendre la parole.

- Une charrette à boeufs n'ira pas loin dans la forêt et les champs, et je nous imagine mal porter sa cargaison.

S'il y avait besoin de boeufs et d'une charette c'était justement parce que c'était trop lourd ou trop encombrant pour faire autrement.

- Nous pourrions envoyer quelqu'un en avant pour prévenir le convoi des obstacles qui pourraient se mettre sur notre chemin.

Ses yeux revinrent sur le mendiant. Il était sans doute le plus discret mais également celui en lequel on pouvait le moins faire confiance, à son avis.

Qi hocha la tête...
Il semblait avoir bien plus confiance que la jeune femme en l'étrange mendiant, mais la méfiance de Fu Ling était semble t-il contagieuse...

- Deux personnes en ce cas, ne seront pas de trop...Nous attendrons ici votre retour : à vous, Wu Xia, et à vous, mendiant....
Yu She sera à mesure de vous protéger en cas de besoin et je suppose que l'espionnage ne vous impressionne pas, disciple du Gai Bang...
Yu She, votre solde sera majorée de 50 taëls, ce risque n'était pas prévu dans votre contrat initial, je comprendrais que vous le décliniez.

Yu She n'était pas femme à refuser de prendre un risque supplémentaire. Elle s'était engagée à défendre ce convoi et partir en éclaireur faisait partie de cette mission, d'autant plus qu'elle l'avait proposé elle-même. D'un autre côté, elle n'allait pas refuser la prime pour la cause. Il fallait bien vivre.

Tête à demi tournée vers Qi, c'est d'un mouvement calme et bref qu'elle acquiesça, comme pour prendre note de cette sollicitude et de la reconnaissance de ses talents qui l'avait précédée. Un instant plus tard, Yu She avançait vers le mendiant, lançant aux autres comme unique signe de son acceptation :

- Nous serons vite de retour.

Ses yeux se plantèrent dans ceux du jeune homme, emprunts d'une expression indécryptable. Elle était prête à partir.

Yue Shi réajusta son sac et dis:

-Direction Kang Shi alors, on devrait y arriver demain matin.

Il se retourna et commença à partir.

C'est dans les premières heures du matin que les deux éclaireurs parvinrent à atteindre la ville de Kang Shi.
Les Jins n'avaient pas instauré de couvre-feu sur la ville, car elle servait essentiellement de lieu d'accueil pour les troupe venues de l'Ouest, qui pouvaient arriver à toute heure.
La ville, depuis longtemps sous domination Jurchen et assez éloignée des lieux de combats, pouvait se targuer d'une certaine tranquillité. Coupée en deux par le canal, elle accueillait également un grand nombre de petite jonques chargés de marchandises.
En observant les alentours, nos deux amis trouvèrent un angle sur la porte Nord, éclairée par quatre grands brasero.
Deux gardes semblaient somnoler au pied de la porte, tandis que deux autres, perchés sur la tour, observaient sans trop d'attention les horizons.

Kong Fu Ling avait marché d'un bon pas, sans dire un mot jusqu'à l'arrivée. Sur le côte du jeune homme, elle le laissait légèrement en avant. Il connaissait mieux la région qu'elle et était sans doute mieux versé dans l'art de l'observation et de la dissimulation. Certes, elle avait d'autres talents, mais préférait ne pas avoir à en faire usage cette nuit.

Ses yeux se posèrent sur la ville, puis sur la porte nord, une fois qu'elle fut en vue. Plus que d'y entrer, la question était surtout de savoir comment le convoi pourrait passer sans être fouillé et contrôlé de fond en comble par les forces de Jin.

C'est d'une voix modérée pour éviter d'attirer l'attention sur eux qu'elle parla, balayant le canal du regard.

- En nous procurant une jonque, nous pourrions passer par là et gagner du temps. Connais-tu un moyen sûr d'entrer d'entrer dans la ville ?

En temps normal, elle serait simplement passée par la grande porte. Etant désarmée en permanence, Yu She n'apparaissait pas comme a priori dangereuse aux forces de l'ordre et traversait les contrôles facilement. D'un autre côté, Fēng Yuè Shī préférait peut-être une approche plus discrète, et c'est pourquoi elle lui avait demandé son avis.

Le musicien réfléchi quelques instant et dis doucement:

-Non, mais vu l'état des gardes passer par la porte est envisageable.

Il regarda Fu Ling et rajouta:

-Après, on peut toujours chercher un moyen de contourner la ville par nous-même ou demandez aux locaux. Je dois dire que la seconde solution à ma préférence.

Fu Ling réfléchit deux ou trois secondes, les yeux toujours fixés sur les gardes. Il devait être possible de détourner une jonque en amont de l'agglomération, en travaillant depuis les berges, et d'ensuite traverser celle-ci par le canal. D'un autre côté, ils pouvaient aussi bien passer par Kang Shi directement avec le convoi et trouver un transport fluvial à l'embarcadère de la cité. Le choix d'une solution ou d'une autre allait dépendre de l'intensité et de la qualité des contrôles qu'ils auraient à passer ainsi, effectivement, qu'aux renseignements que l'on pourrait tirer des habitants.

La jeune femme, qui s'était accroupie au point d'observation, se leva soudainement. Elle n'était pas du genre à tergiverser sans fin avant de passer à l'action.

- Allons-y.

D'une démarche volontaire mais discrète, elle s'approcha de la porte nord, les yeux fixés sur les gardes de la tour pour surveiller la direction dans laquelle ils regardaient.

S'ils étaient repérés, ils pourraient toujours tenter de faire semblant d'être de simples voyageurs...

Les soldats levèrent un œil distrait en direction des deux formes qui passèrent doucement à une distance raisonnable des brasero...
Il arrivait de temps à autres que des paysans, des voyageurs ou de petits domestiques passent à une heure aussi tardive et aucun d'entre eux ne s'en offusqua.

Le couple pénétra sur le marché de nuit, encore en pleine activité : les marchands de soupe de tofu et d'écrevisse au piment, tout juste ramenées de la pêche semblait attirer de plus en plus d'insomniaque.
Les maison de fleurs bon marché accueillaient en leur sein un public de jeunes hommes de riches familles, qui se couvraient le visage de leur chapeau de paille pour éviter d'être reconnus, tandis que des jeunes filles les hélaient du haut des balcons.
Un homme aux long cheveux, le regard illuminé, suivi d'une demi douzaine d'autres jeunes garçons vêtus de toges blanche, circulait à travers la foule, en frappant sur un petit gong, tandis que ses disciple distribuaient de petits talismans de papier aux personnes qu'ils croisaient.....
- Refusez !!! Refusez !!! Refusez la dictature de l'homme du Nord sur la loi du Tao ! Refusez !!! scandait-il en dardant les badauds d'un air inquiétant

Yue Shi porta son regard sur l'une des petites échoppes que tenais un vieil homme.

-Ça vous dit une petite soupe?

Sans attendre de réponse, il se dirigea vers le comptoir, au passage il salua, en souriant, quelques jeunes femmes qui se trouvaient sur l'un des balcons.

Il s'assit sur un tabouret et commanda deux bols, il plongea sa main dans son vêtement et sorti d'abords sa flûte qu'il posa devant lui avant de sortir de quoi payer sa nourriture et aider à la conversation avec le commerçant.

-Serait-ce le « fameux » quatrième cinabre qui trouble la tranquillité de ceux qui veulent combler leurs divers appétits?

Yu She jeta un regard légèrement suspicieux au jeune homme lorsqu'il proposa une soupe. Bien qu'elle n'ait rien mangé depuis la veille, elle n'était pas venue dans cet objectif et son esprit aussi carré qu'un plan de manoir d'architecture Feng Shui buta légèrement sur la proposition alors qu'elle comptait se diriger vers le port du canal pour y trouver une embarcation. Comprenant néanmoins que Yuè Shī devait avoir d'autres objectifs que se remplir l'estomac, elle le suivit vers le comptoir après une hésitation presque parfaitement invisible.

Sortant quelques pièces de sa besace, elle en gratifia le vieil homme pour payer sa part afin de ne rien devoir à personne. En attendant d'être servie et surtout en écoutant la conversation qui démarrait, elle balaya le marché d'un regard neutre. Au fond, c'était aussi bien qu'il s'occupe de parlementer : Fu Ling était aussi douée en diplomatie qu'un coq de combat. Silencieuse, ne se priverait pourtant pas d'intervenir si elle en ressentait le besoin.

Le vieil homme jeta un regard inquiet aux illuminés avant de verser la soupe dans deux bols fumants

- Le quatrième cinabre ? Connais pas...Mais je vous déconseille de vous approcher de ces oiseaux là...

Le gong se retentissait encore sur la place du marché

- Refuseeeez !!! Refuseeezzz!

Le vieil homme baissa d'un ton

- Ca c'est la secte du Nuage Blanc... Ils ont été déclarés illégaux par les autorités locales, mais continue à recruter ici.
On dit qu'ils enlèvent des enfants. Regardez !

Les marchands s'empressaient de décrocher les petits talismans de papier collé à leur échoppe dès que les taoistes eurent le dos tourné

- Si les Jin apprennent qu'on a eu la moindre relation avec ces fous, ils nous envoient directement en prison...Hier soir, deux d'entre eux se sont fait immoler dans une caserne. Deux gamines, de seize printemps à peine...

- Car les hérétiques seront punis, lorsque l'Harmonie suprême reprendra ses droits et rétablira la loi du Tao !!! fit le chef de la petite troupe, en fixant directement le marchand de soupe qui en reversa sa cuillère sur la manche de Feng Yu Shi....
L'illuminé, au visage mangé par une barbe phénoménale lui descendant jusqu'à l'aine se rapprocha de l'échoppe un talisman en main puis fixa d'un air vide les yeux de la jeune mercenaire, en lui agrippant le poignet...

- Je sens...Je sens ma soeur qu'en toi les énergies luttent pour s'équilibrer...Veux tu connaître la vérité du Tao ? Ou préfère tu rester dans l'ombre ?

C'est peut être le moment de préciser que pour des raisons tenant à la fois à ses orientations professionnelles et à un passé pour le moins troublé, Fu Ling n'était pas vraiment érudite en matière de théologie et de philosophie. Pour cette raison, elle ne faisait pas non plus un effort quelconque pour comprendre ceux qui faisaient de ces deux domaines leur vie ou leur profession, encore moins les exaltés fanatiques. Malgré tout et pour des raisons purement morales, elle les respectait... Lorsque la réciproque était vraie.

Ecoutant la présentation du vieillard avec intérêt, elle suivit les membres de la secte du Nuage Blanc du regard jusqu'à ce qu'ils s'approchent de l'échoppe. Surprise par la brûlure de la soupe, elle tira vivement son bras du comptoir en ne montrant qu'une brève grimace de mécontentement et de douleur, avant de se tourner pour faire face au leader sectaire qui, par son intimidation aussi gratuite que risible, avait indirectement causé l'accident.

C'est là qu'il décida de rompre la distance de sécurité minimale que la mercenaire imposait à toute personne morte ou vivante, plus ou moins équivalente à cinquante de nos centimètres. Fu Ling n'appréciait pas le contact physique. Elle ne l'avait jamais aimé. La toucher sans sa permission et à fortiori lui attraper le poignet était un acte presque équivalent à un coup au visage, de son point de vue. D'un autre côté, il n'était jamais bon de réagir avec énervement...

Dès qu'il toucha son poignet, celui-ci tourna souplement pour, en un geste aussi bref qu'agile, tenter d'enserrer le sien. Dans le même temps, son bras s'était plié vers le haut, comme pour qu'il puisse voir à hauteur d'yeux que c'était elle qui le tenait, et pas l'inverse. Sa mâchoire s'était serrée un instant et ses sourcils s'étaient froncés dans une brève lutte pour contrôler son impulsivité naturelle et ne pas riposter par la violence. La voie de la sagesse triompha visiblement, puisqu'elle ne tarda pas à reprendre son calme.

Sur son visage, aucune haine n'était maintenant visible - simplement une autorité sans faille et une vague menace. Il ne fallait pas attirer l'attention et pourtant, il fallait également éviter de se retrouver associés à la secte, même si ce n'était que dans l'imagination de la milice.

- Reprenez-vous, Xian Bei. Je me contente de mes propres vérités.

Elle lâcha le poignet pour le laisser partir, continuant à le fixer droit dans les yeux si l'on excepte le moment où elle s'était légèrement inclinée pour le saluer. Sa folie était excusable par son grand âge dans une certaine mesure, mais mieux valait qu'il passe son chemin...

Le musicien secoua sa manche en ce levant, il s'approcha du vieil homme et en le repoussant légèrement, il dit en souriant:

-Mon « amie » n'est pas du genre à être équilibré, et pourtant de nombreux taoiste renommés s'y sont essayés, vous feriez mieux de retourné avec vos confrère. Elle est un peu soupe au lait le matin, vous feriez mieux de la laisser tranquille.

Il commença à faire tourner l'homme sur lui même et le dirigea vers ses collègues.

Il alla se rassoir et dit, en s'adressant à Fu Ling:

-Excusez moi.

Il porta son regard sur le marchands et rajouta en souriant:

-Et si vous me serviez ma soupe, mais en visant bien cette fois. La matinée est belle et j'ai envie de discuter.

[hrp= J'ai une question, mon neigong n'aurait pas du revenir à son maximum?

Le taoïste tituba sous le coup de l'étonnement, et fût rapidement entouré de ses disciples

- Shi Fu ! Tout va bien ? demanda inquiet le premier jeune homme, qui tourna un regard agressif vers les deux buveur de soupe.

- Honnis soient les porteurs de l'énergie négative ! Puisse le passage du Nuage blanc purifier la Terre et répandre l'influence bienheureuse du Ciel...Fan Gui Fu Tian, FAn GUI FU TIAN !

D'un seul homme, les jeunes gens sortirent leurs épées d'on ne sait où et se positionnèrent dans une impeccable chorégraphie donnant l'impression à un adversaire leur faisant face qu'il s'agissait d'une seule et même personne se démultipliant à l'infini.
Leurs mouvements ondulant et parfaitement synchronisé, proche de ceux du serpent provoquaient une sorte de désagréable sensation de malaise, proche de la nausée, chez tous les observateurs.
L'impression de ne voir qu'un seul opposant se déplaçant très vite se fît de plus en plus tenace dans l'esprit des deux compagnons, tandis que leur "unique" adversaire s'approchait d'eux avec hostilité

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