Chronique numéro 1 : Le temps des larmes (Cycle de l'eau)

Combien d'heures avaient passées depuis que les voyageurs avaient fermé les yeux ? Trois, quatre, peut-être plus...
Le son caractéristique du erhu les réveilla pourtant, inquiet, nerveux, frénétique, en provenance d'une vieille tour effondrée...
La porte s'ouvrit à grand fracas, lorsque Qi apparût, trempé de l'averse du dehors, essoufflé par sa course...

- Jaran ! Réveille toi ! Il semble que l'escorte de ta demoiselle soit-arrivée...

Je me redresse, un peu désorienté quelques secondes, puis les paroles du capitaine Qi atteignent le centre de ma pensée et je laisse échapper un juron Khitaï bien senti.
Je me précipite sur mes vêtement et je m'équipe de mon armure aussi vite que possible tout en questionnant Qi

- Combien d'hommes ? , Combien d'arcs ? Et a quelle distance ils sont quand tu les as vu ?

Qi secoua la tête

- Ce n'est pas moi qui les ai vus, c'est...cette étrange femme. Ils sont à un ou deux li environ (500m/1km)...Quatre cavaliers en noirs et quelques mercenaires qu'ils ont du recruter au passage...Je pense qu'ils sont huit ou neuf.
Ils semblent s'être arrêtés et observent la zone. Je pense qu'ils viennent pour chercher Qing guniang...

- Ils ne veulent pas que j'arrive à la forteresse et que je dise que Nuarchi accepte la reddition, j'en suis sûre ! C'est ce démon à face blanche qui les a envoyés... Il n'aime pas que le général écoute quelqu'un d'autre que lui.

La danseuse se leva et s'habilla rapidement. Il fallait qu'elle puisse rentrer à Tian Chi avec les résultats de ses négociations sinon la forteresse courait à sa perte. Si elle ne revenait pas, les réfugiés allaient résister jusqu'au bout, ils n'avaient rien à perdre.

- Je dois retourner à Tian Chi maintenant. J'ai la responsabilité de milliers de vies, je n'ai pas le droit de mourir !

- C'est trop tard pour que vous partiez, on va déjà s'occuper de ces brigands sans honneur ....

Qi vous tenez la porte, je monte sur la muraille, je vais les titiller un peu.

Une fois équipés je saisis mon arc et je cours vers la muraille décidé a me trouver un bon poste de tir un peu protégé .

La danseuse rassembla ses affaires et enjoignit les deux autres femmes à faire de même, cherchant à les rassurer par une attitude calme et des gestes mesurés. Il fallait qu'elle reste maîtresse d'elle-même pour éviter la panique.
Pas la peine d'éteindre le feu. Si ces hommes entraient, ils mourraient et s'ils parvenaient à les repousser, ils auraient besoin de se réchauffer.

Il fallait juste se tenir prêt à fuir très vite.

- Venez, on va bloquer les portes du fort ! Il doit y avoir une barre de bois pour ça mais je ne peux pas la soulever seule. Dépêchons-nous si nous voulons rester en vie.

Les jeunes femmes se regardèrent et hochèrent la tête...Le petit groupe sortit sous la pluie puis se dirigea vers les grandes portes du fort au pied desquelles gisaient le lourd madrier...
L'aînée des sœurs ferma la porte en la poussant des épaules, tandis que la cadette tenta de soulever la grande barre avec Yu Yan : elle était, comme prévu, horriblement lourde...
Les galops de chevaux et les cris des hommes résonnèrent de plus en plus près des portes et une flèche sembla se planter dans l'une des charnières, en provoquant un grand bruit.
Comme le tigre avec sa proie, il était certain que les cavaliers s'amusaient...

Perché sur sa tour, Jaran assista au manège de ses opposants qui tournaient autour de la place forte : seules les quatre voyageurs étrangers restaient en arrière.
Un cri provint de ce qui semblait être le chef des mercenaires khitans

- Donnez nous la femme et il ne vous sera rien fait !

J'évalue la distance des 4 brigands restés en arrière, tout en prenant en compte le sens du vent (sont ils à portée d'arc )

Pendant que j'évalue la situation j'interpelle les Khitaï dans notre langue

- Je suis Jaran du clan des Temraï , Allez vous faire le plaisir a ces 4 brigands sans honneur de voir des khitaï s'entretuer pour leur seul plaisir ? Ces salauds de jin sans honneur qui ont la frousse de m'affronter et pourchasse une femme sans défense !
Khitaï je n'ai pas peur de mourir et si je dois y passer je vous emmènerai avec moi, mais vous aurez plus a gagner a éliminer ces Jins ! Vous garderez leur or et pourrez me suivre, la guerre fait rage entre les Songs et les Jins et il y'a de l'or a se faire a se battre pour les Songs !

- Allez, encore un effort ! Nous y sommes presque !

A trois et au prix d'énormes efforts, elles parvinrent à soulever la barre et à la placer en travers de la porte. Le souffle court, Yu Yan jeta un coup d'oeil aux deux hommes juchés sur le chemin de ronde. Ils avaient l'avantage de la position et les autres du nombre. Même si la situation était mal engagée, ceux qu'il fallait redouter, c'était les quatre cavaliers qui restaient en retrait. Ils attaqueraient quand les mercenaires seraient surclassés et il y avait fort à parier qu'ils étaient plus habiles que ceux qu'ils avaient engagés...

- Da jie ! Qu'allons nous faire maintenant ? Je préfère mille fois mourir que me retrouver à nouveau entre les mains de ces gens...
fit la cadette des deux sœurs, exténuée, à l'intention de Yu Yan...

- Nous n'avons que deux hommes pour nous protéger et ils sont au moins huit... fit l'aînée, plutôt sombre... Il faudrait songer à trouver une cache..Peut-être trouver des choses à jeter sur eux, s'ils parviennent à la tour centrale...

Le chef des mercenaire fit cabrer son cheval devant la tour où se trouvait Jaran et lui sourit

- Temraï, je me moque qui je sers du moment qu'il me donne de quoi m'amuser pour un raid déjà fini avant d'avoir commencé...Tes paroles sont braves, mais tu es stupide, demjigch...Livre nous la femme et nous te laisseront peut-être t'amuser avec : ils la veulent morte !

[HRP : Les chefs ne sont pas à portée normale de tir...Il faudrait être un archer d'exception pour y arriver]

- Hors de question qu'un de ces chiens nous mette la main dessus ! C'est une bonne idée, les projectiles. Faisons le tour du fort pour voir si nous pouvons trouver des choses intéressantes. Vite !

La danseuse entraîna les deux autres femmes dans son sillage et le petit groupe partit en quête d'objets divers et variés, aptes à servir d'armes aériennes.

La flèche partit dans un claquement en direction du chef des mercenaires, celui-ci, dans un réflexe désespéré, cabra sa monture et le trait se ficha dans l'épaulette de cuir qui lui recouvrait le corps...
Furieux et près d'avoir basculé de cheval, il frappa sa monture et fit un geste à l'égard de ses compagnons, qui hurlèrent tous frénétiquement....

- Temraï ! Cette nuit, je boirais l'arak dans ton crâne ! scanda le miraculé, entama un galop pour se retrouver près de la porte centrale...

Le groupe des trois jeunes femmes parcourut brièvement la forteresse, trouvant de ci de là, plusieurs objets susceptibles d'être lancée : briques de muraille, poids et boulet de métal, mais également pots emplis de poix, facilement inflammable
Dehors, les hululements terrifiants des mongols résonnaient de plus en plus forts et les premières flèches se plantèrent sur la porte principale...

Plusieurs d'entre elles sifflèrent aux oreilles de Jaran et l'une vint se briser à quelques centimètres seulement de son visage.
Les quatre cavaliers, eux, venaient de disparaître...

J'ai un ricanement bref, bien de l'arack, je n'en avais plus .

- Je le prendrais sur ton cadavre et je le boirais a ta santé je ne suis pas rancunier

Je recommence a tirer, je vise pour tuer et pour ramener le score a un niveau supportable pour le corps à corps inévitable, j'ai bien conscience que ces imbécile représentent un moindre danger face aux quatre autres, mais je n'ai guère le choix, je dois réagir à la menace immédiate.

- Qi, fais attention je ne vois plus les quatre autres ils vont essayer de passer sur un autre flanc !! Yu Yan amènes moi des flèches !

- Des flèches, des flèches... Il est marrant, lui... Je les trouve où, ces flèches ?

Le regard de jade fit le tour de la place et chercha parmi l'enchevêtrement des corps et des armes.

- Les filles, allez porter ça près du chemin de ronde, je vais fouiller pour voir si je peux dégoter ce qu'il veut. Et utilisez les targes qu'il y a là-bas si les idiots dehors commencent à faire pleuvoir des flèches ! Il vaut mieux ne pas vous faire blesser.

La danseuse se mit en quête de ce que Jaran demandait, croisant les doigts pour ne pas déranger les morts...

Yu Yan se glissa le plus discrètement possible jusqu'à la fameuse réserve qui l'intéressait. N'étant pas ce qu'on pouvait appeler une combattante aguerrie, elle n'avait vraiment pas envie de se retrouver face à l'un des quatre cavaliers qui la traquaient depuis des heures.

* Dépêche-toi, ma fille, ou tu vas avoir chaud aux fesses... Voyons voir quels trésors tu vas trouver dans le bâtiment. *

La corde claque en même temps que le sifflement caractéristique de la flèche se rapproche de l'oreille de Jaran...
La douleur est sourde lorsque la pointe s'enfonce dans le gras de l'épaule de l'archer dont le trait part plus à gauche que prévu...
La monture du cavalier hennit lorsque la flèche pénètre son flanc, mais le projectile est lancé et roule à proximité de la porte de bois déjà endommagée par les batailles précédentes...
Un bruit sourd éclate et des morceaux de bois sont expulsés dans la cour, provoquant les cris des deux jeunes femmes...
La lance de Qi vrombit avec fureur, comme un terrifiant serpent d'argent, en direction des deux voyageurs encapuchonnés : l'un, frêle et léger esquive les assauts sans s'engager davantage, tandis que le second dont la capuche semble dissimuler une longue chevelure blanche dévie tant bien mal la tornade de coup qui s'abat sur lui...

Pendant ce temps, un tourbillon blanc se pose au centre de la cour pour choir sur le troisième cavalier. Les deux mains de la dernière hôte de la forteresse se fige dans le crâne de l'individu qui n'arrive pas à se débarrasser de cette étrange créature qui ne semble pas émettre d'autre son que le claquement de son hanfu de deuil...

Poussant la porte de la réserve, où git encore un lanterneau allumé par Qi, Yu Yan tombe sur un pièce relativement sèche malgré la pluie diluvienne. Gisent pêle-mêle une baliste de défense, des pots emplie d'une poudre à l'odeur soufrée, de la poix, quelques pots de terre dotés d'une mèche, des boucliers, des sabres, des lances et des armures rouillées posés sur un large râtelier...
Au fond de la pièce, derrière la baliste une trentaine de carquois remplie de flèches ainsi qu'une demi-douzaine d'arc semblaient avoir été miraculeusement épargnés par le temps.
A peine eût-elle posé le pied dans la pièce qu'une respiration légère et un gloussement se firent entendre derrière elle...

- Alors...kkk...On a trouvé de nouveaux compagnons de jeu ? kkk...

L'homme, petit, portait un masque de fer lui dissimulant le visage et ses mains luisaient à la lueur de la lampe : les griffes d'acier qui la recouvraient étaient autant de poignards mortels, redoutablement affûtés...

* Ah ben non, finalement ce n'était pas la peine de se disputer... Tu as déjà chaud aux fesses et là, tu les as dans le feu... Il va falloir se montrer inventive sinon tu vas pourrir dans cette réserve sans espoir de t'en sortir. *

Gardant l'homme dans son champ de vision, la danseuse jeta un coup d'œil discret aux armes disponibles près d'elle et rassembla les énergies du nei gong. Elle n'avait pas beaucoup d'options pour se sortir de ce guêpier mais elle n'allait pas se rendre sans combattre.

- Des compagnons ? Non, juste des outils.

Elle commença à bouger très lentement dans la lueur diffuse de la lanterne, des gestes inoffensifs qui passeraient pour des mouvements de femme effrayée qui cherchait à gagner du temps. Elle savait comment attirer l'attention d'un homme sur ses mains, ses jambes. Si elle avait de la chance, la baliste était chargée et elle aurait le temps de l'utiliser. Contre un adversaire comme celui-là, elle n'avait aucune chance au corps à corps.

Jaran

La seconde flèche du Liao partit avec plus de succès, pour toucher un cavalier dans le torse. Il tomba à terre et semblait encore bouger, mais son pied se coinça dans l'étrier de sa monture qui l'entraîna à toute allure vers la steppe, effrayée par la chute de son maître.

Les autres mercenaires pénétrèrent à grand cris dans la forteresse enfoncée mais la position de guérilla de Jaran porta ses fruits : un autre cavalier s'écroula, le dos percés par une flèche...
Avant qu'ils n'aient pu réagir, Temraï sauta sur la monture du dernier de la file pour lui enfoncer son poignard dans les côtes. Le sang chaud lui envahit les mains et le corps du cavalier glissa à bas.

Les survivants, furieux autant qu'effrayés, se ruèrent sur lui, sabre en main..

+2pts de Style

Yu Yan

La baliste aurait mérité en bonne réparation et de toute manière, n'était probablement pas chargée des longues flèches qu'elle était sensée porter...L'homme ne semblait pas avoir fait attention aux manoeuvres de la danseuses et se rapprochait lentement, avec un plaisir vicieux

- Kkkk...Petit oiseau....Nous sommes très à l'étroit ici...kkk...Je ne veux pas te faire de mal...Juste...kkk...te désarmer....Et ton arme la plus redoutable...c'est ce ravissant minois...

Les lames luisirent à la maigre flamme de lampe tandis que derrière, les cavaliers investissaient l'endroit...Lentement, l'homme approchait, savourant chaque instant, bloquant du corps les tentatives de retraite de Yu Yan.