L'Art de la Guerre

Rouge, mais cette fois de colère, la jeune femme s'écria :
"– Grossier personnage ! Comment voulez-vous que je me calme, vu la situation dans laquelle vous me tenez ! "

Elle ne se débattait que verbalement, pour éviter de se blesser.

"– Comment osez-vous me traiter ainsi ! Je n'ai jamais vu ça ! Ça ne vous arrive jamais de l'accepter quand vous avez fait une erreur ? J'en ai assez ! Marre ! C'est exaspérant ! Je ne sais pas qui vous cherchez vous et vos amis, mais cessez de m'importuner à la fin !Ça m'éneeeerve !"

Le flot ininterrompu des paroles de la jeune femme témoignait assez du contre-coup violent de sa frayeur.

Toujours très rouge, ce qui faisait ressortir la perfection de l'ovale de son visage, la jeune femme continua de vitupérer sans s'arrêter, reprenant à peine son souffle entre deux tirades :


"– Bien sûr qu'il est dans nos cales ? Où voudriez-vous qu'il soit ? Nous ne sommes pas des barbares, contrairement à vous, nous ne tuons pas des gens désarmés ! Brute ! Vous n'avez aucun savoir-vivre ! Vous ne vous êtes même pas demandé qui était l'homme que vous avez tenté de brûler alors qu'il ne vous avait rien fait et qu'il était désarmé et endormi ! Espèce de lâche sans cœur et sans cervelle ! Croyez-vous que ses hommes auraient épargné votre capitaine s'il était arrivé du mal au leur ? Même moi j'aurais eu bien du mal à les empêcher de chercher une juste revanche ! Et après cela vous osez menacer une jeune femme sans défenses alors même qu'elle est en train de se noyer ? Et vous me faites la morale ? Rustre !"


Et bla, bla, bla...

"C'est pas une petite brulure qui abattra votre garde du corps, ça attaquera surement son charme ... hum peut être auriez vous souhaité que ce soit lui qui vous réanime" ricane-t-il

La jeune femme rougit encore plus violemment, et, d'un ton perçant où l'on sentait la surprise et l'indignation, elle répondit :

"– Quoi ? Goujat ! Mufle ! Comment un porc comme vous peut insinuer une chose aussi vulgaire ! Je ne suis pas une de vos amies prostituées ! Je suis Lin Xiao Yu du clan Lin et je n'entretiens aucun commerce douteux avec les hommes qui m'escortent ! Je ne suis pas ce genre de femme ! Grossier personnage ! Comment osez-vous me toucher avec vos mains et vos insinuations grasses ! Malappris ! Malotru ! C'est un scandale ! Vous êtes odieux ! "

Très fâchée, elle continuait de pester en fronçant ses jeunes sourcils, serrant les poings.

- En tout les cas, une chose est certaine : ce n'est pas moi qui te réanimerais, chien d'eau !

Le derniers coup de lame abattit le roseau, laissant apparaître le soldat, de l'eau jusqu'au genoux, tenant fermement son épée dans la main droite.
La volubilité de Lin avait quelque peu étourdit l'attention du jeune pirate qui n'avait pas prêté attention aux bruits l'environnant.

- Lâche la jeune fille maintenant et tu auras la vie sauve....

"Hey la brutasse ! Je te signale qu'à partir de maintenant on est en train de négocier alors évite d'être grossier comme ça ... l'énervement fait trembler ma lame. Lame qui est d'ailleurs bien près du coup de la dame du clan Lin que tu as la charge de protéger"

Lu Wu ne faisait plus du tout attention à sa captive. Ses réflexes étaient revenus lorsque la lame du guerrier refléta la lune, comme pour annoncer qu'il ne fallait plus plaisanter. Ce qu'il craignait le plus c'est qu'on le contourne et qu'on essaie de le désarmer, c'est d'ailleurs pour cela qu'il se mit à reculer doucement, menacant toujours la vie de Lin.

"Bon maintenant qu'on sait ce que tu veux, je vais te dire ce que je veux, tu vas appeler tes potes sur le navire et leur demander de relacher mon capitaine. Une fois que tu auras fais cela. Je te rendrais la ravissante dame Lin ici présente. Ca te dis ?"

Reprenant rapidement son calme à la vue du soldat, Xiao Yu, toujours étendue sur le sol, encore un peu tremblante d'indignation et de frayeur, contrôla sa voix pour s'adresser à son sauveur.


"– Capitaine. Ce jeune homme doit être remis entre les mains de la justice. Vivant. Mais ne risquez pas votre vie inconsidérément."

La jeune femme ne put retenir un sourire amusé.

"– C'est vous qui n'avez pas compris, je crois. Je sais très bien que le capitaine ne risquera pas ma vie sans avoir largement pesé le pour et le contre. La sienne, en revanche, c'est moins sûr. On appelle ça la confiance. Concept dont vous semblez tout ignorer. "

La dignité due à son rang était revenue à la jeune femme, à présent.

"La confiance ? Hum ... Si tu le dis"

Lu Wu ne put s'empêcher de ricaner à la remarque. Il faut dire que si son plan marche, le capitaine lui en devra une belle

- Combien de temps espère tu jouer de la sorte, brigand ? Votre groupe a tenté de nous attaquer, nous nous sommes défendus. Vos hommes ont tués plusieurs membres de l'équipage, qui n'avait rien demandé. La plupart était des pêcheurs, comme vous...Ton capitaine est un criminel et il devra être jugé pour cela...
Je suis prêt à échanger ma vie contre celle que tu menaces sans savoir à qui tu as affaire...

Souriant à la proposition du soldat, Lu Wu ne manqua pas de montrer qu'il n'était pas d'accord avec l'orientation de la négociation.

"Tuer des gens, saboter des navires, être brigand en général, n'est autre qu'une conséquence de l'ironie du sort la plupart du temps ... quoiqu'il en soit, même si j'ai l'air du premier paysans venu, je ne suis pas né de la dernière pluie. Cette ravissante personne ici présente est de loin la denrée la plus précieuse de ce navire, sans quoi vous n'accepterez jamais d'échanger votre place avec elle. Elle m'a dit que c'était une dame du clan Lin. Son clan doit être important pour qu'un tel détachement soit autour d'elle et pour qu'un homme nous ai délibérément menti pour que nous la tuions. Conclusion, la situation reste inchangée, vous libérez mon capitaine, je la libère et chacun part de son coté sans violence"

Surprise, la jeune femme ne put s'empêcher d'éclater de rire.

"– Important ? Mon clan ? Mon pauvre garçon, vous n'y connaissez pas grand chose en politique n'est-ce pas ? Si mes parents avaient eu les moyens de me nourrir, ils n'auraient certainement pas laissé leur fille partir en voyage sans être mariée au préalable !
Et puis, qui vous dit que votre chef ne s'est pas simplement trompé de cible ? C'est ce qu'il nous a dit lui-même. "

Très digne, malgré le fait qu'elle soit allongée par terre dans la boue fétide d'un marais sous la menace d'un brigand, la jeune femme avait un éclat amusé dans le regard. La prendre pour une personne importante ? Quelle ironie ! Elle qu'on avait envoyé gagner sa vie pour éviter de la nourrir ! Elle qui avait dû se débrouiller seule pour se faire une infime place auprès de son maître ! Cela lui semblait tellement absurde !

Xiao Yu sourit d'un air amusé, un éclat d'ironie dans les yeux.

"– Pourquoi ça ? Vous m'avez bien sauvé la vie, vous, au péril de la vôtre, alors que vous n'êtes pas spécialement un soutien..."

Elle dévisagea le jeune homme d'un air curieux, son joli visage retrouvant toute la grâce de l'innocence. Un monde les séparait, et elle aurait aimé pouvoir comprendre cet inconnu aux réactions si étranges pour elle.

Une expression ironique mais gentille sur le visage, la jeune femme répondit :

"– Eh, mais c'est qu'il est capable d'un raisonnement logique ! Merveilleux, maintenant peut-être pourrons-nous discuter !"

Se tournant vers le capitaine, elle ajouta, plus sérieuse :

"– Ning Da Han, j'ai froid, je suis fatiguée, j'aimerais bien que nous arrivions à un accord ou à une résolution rapide du problème. Ce marais n'est pas très confortable. Des idées ?"

"– Et qui réparera les torts causés par la mort de nos membres d'équipage, si nous adoptons votre plan ? Je vous signale que ces pauvres gens n'avaient rien demandé, et que notre embarcation est désormais à court de personnel navigant, par votre faute. Mais je laisserai le capitaine négocier. Je suppose que c'est à lui de décider. "

La jeune femme fronça les sourcils et regarda Ning d'un air interrogateur.

Une barque de jonc arriva à travers les roseaux, menant avec elle trois autres des membres de la garde de Pan.
Le géant Lu Mang, Wu Zhi et Song Ding mirent pied à terre...
La chaîne du maigre jeune homme aux cheveux rouges traînait au sol, ce qui signifiait qu'elle pouvait bondir à n'importe quel moment pour frapper avec précision.
Les hommes se mirent à se déployer autour de Lu Wu et de son otage sans dire un mot.
Pour autant, il était visible que Ning n'était pas du tout enclin à une attaque de front

- Ton capitaine nous avait proposé de nous guider pour passer par d'autres chemins en évitant les villes.
Si vous vous acquittez de ce service, je pourrais considérer que nous sommes quittes. En échange, bien évidement, tu relâches la jeune fille....
Trop de sang a coulé cette nuit.

Lu Wu, voyant la manoeuvre des autres soldats visant à lui couper toutes retraite, resserra légèrement son étreinte sur Lin Xiao Yu ce qui ne anqua pas de le gêner légèrement il glissa un petit pardon à l'oreille de son otage avant de répondre à Ning

"Désolé de vous déranger encore messieurs mais j'apprécierai que ce soit mon capitaine qui me le disent de vive voix. Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en vous ... en fait si, je n'ai pas confiance en vous. Comprenez ma méfiance. D'autan plus que, maintenant que vous m'encerclez je suis beaucoup plus enclin a faire des actions suicidaires"

D'un ton conciliant, malgré la rougeur qui gagnait ses joues, Xiao Yu intervint :

"– Du calme messieurs. Il nous manque des membres d'équipage. Ce jeune homme et son capitaine sont des spécialistes de la navigation. Il serait stupide de ne pas nous entendre ! Nous pourrions retourner à bord pour en discuter dans des conditions plus détendues ? "

S'adressant à son ravisseur, elle ajouta :

"Comprenez qu'on ne va pas faire nager votre capitaine jusqu'ici pour en discuter sur la rive et retourner tous à l'embarcation ensuite, ça serait une perte de temps ! Si vous acceptez de revenir à bord dans la barque de jonc que voilà, je consens à vous servir d'otage pour vous tranquilliser jusqu'à ce que vous puissiez voir votre capitaine, mais à condition que vous me serriez un peu moins fort, parce que c'est un peu gênant, voyez-vous ? De plus, j'ai très froid, et si par malheur je venais à éternuer, je risquerais de m'empaler sur vos griffes, ce qui serait, admettez-le, un incident fâcheux. "

Elle termina son discours par un pauvre sourire contrit.

- Reculez ordonna Ning à ses hommes qui se replièrent en direction du radeau... Maintenant la balle est dans ton cas, brigand des lacs...

"Voilà qui me plait, j'aime les négociation qui se déroulent bien. J'accepte de retourner sur le navire, mais mon embarcation ne devra comporter que des rameurs désarmé. Et Bien entendu, au moindre signe d'un quelconque coup fourré ... vous savez la suite"

Alors que les soldats recule, Lu Wu desserre son étreinte

"Je suis navré d'une telle proximité aussi subitement mais je devais bien intimer à vos soldats de reculer"