Chronique numéro 1 : L'expédition (Cycle de la Terre)

Ma Huo Yan

- Hao (entendu) ! firent en chœur le petit groupe avant de se disperser comme convenu...

Le soir tombé, Ma n'obtint pas grand chose, hormis d'un moine habillé d'une manière encore plus piteuse que la sienne, qui laissa tomber quelques sapèque d'un air bonasse...

- Une soupe de nouille...Une soupe de nouille durant la guerre n'est-il pas le véritable bonheur ?

Marmonnant seul quelques temps, il s'éloigna en agitant les mains comme s'il s'entretenait avec un interlocuteur invisible...
Le quartiers des plaisirs et ses mille lanternes qui illuminaient les maisons des fleurs et les salons de thé redonnaient quelques couleurs à la ville, mais seuls semblaient défiler ceux qui avaient qui fait main basse sur la ville et quelques marchands fortunés...

A coté de Ma, deux pieds entourés de tissus crasseux tapèrent violement sur le sol, comme pour trépigner...

- Tihihihi ! C'est mon mur ! Mon mur ! Les méchants prennent toujours mon mur ! gémit une voix enfantine.
En levant la tête, Ma put apercevoir une femme d'une trentaine d'années, le visage gonflé de larmes et rougit de colère, dont le comportement avait tout de celui d'un enfant...
Au vu de ses vêtements et de la saleté qui constellait ses joues, elle devait, elle aussi, vivre de la charité de ses concitoyens...

Je reste quelques minutes a écouter la mélodie ne voulant pas déranger le musicien, quand celui ci (ou celle ci) a fini son morceau je hèle depuis la grande porte d'abord en khitan puis en chinois.

- Ohé du fort !!! nous sommes quatre voyageurs qui demandons la paix du foyer et abris pour la nuit ! Pouvons nous entrer ?

Je descend de cheval calmement et ramasse l'étendard, je l'observe un instant puis sans le lâcher je pousse les portes pour entrer.
je fais signe a Qi et aux deux jeunes femmes de rester avec les chevaux et je me dirige calmement vers la tour sans me presser dans l'intention évidente de rencontrer notre éventuelle hôtesse.
je retourne le poème dans ma tête y trouvant un air funeste et de temps a autres ma main gauche vient caresser la poignée polie de mon sabre à large lame.

Que vais je trouver, une sorcière ? un spectre du passé ?
passer notre chemin serait tout indiqué mais tout porte à croire que la nuit sera rude et nous avons besoin d'un abri.

Ma Huo Yan regarde la femme qui trépigne en face de lui avant de se décaler de quelques centimètres pour la laisser s'assoir. Après un sourire diplomate, il lui proposa un endroit s'installer de la main

"Vient t'assoir si ce mur t'importe, je ne prendrais pas de place, promis"

Jaran

L'étendard sali par la poussière était familier à Jaran, même si celui-ci avait du mal à déchiffrer les caractères qu'il portait.
L'armée de la porte de cinq Tigres étaient l'une des plus dangereuse pour le Liao, il y a quelques années de cela, il semblait étrange qu'ils aient quitté le fortin sans avertissement.
Lorsque le mongol poussa la porte, une forte odeur de fumée lui emplit les poumons : divers bûchers mourraient paisiblement dans le centre de la cour. Les cendres laissaient s'échapper les armes et armures calcinés des vaincus comme des vainqueurs, mêlés à jamais dans la mort....Des flèches constellaient le sol et le sang noirci des guerriers de jadis y était encore visible

- Que viens tu chercher ici, voyageur ? Il n'y a plus rien d'autre que les morts ici...Tu n'y trouveras aucun réconfort. fit une voix solennelle émanant des hauteurs de la tour qui portait les stigmates de l'affrontement.
A la fenêtre de pierre de la tour, la robe blanche dansant au rythme des rafales de la steppe, une jeune femme d'une trentaine d'années le dardait d'un regard neutre, le visage fermé, les yeux souligné par deux longues traces noires qui partaient du bas de ses paupière pour atteindre ses joues...
Sa main gauche tenait la vielle dont il avait entendu le morceau et la droite le pointait d'un long doigt fin et blanc comme la porcelaine...

Ma Huo Yan

Le visage gonflé de la femme s'illumine alors d'un air jovial et la crise de l'arme s'apaise d'un seul coup...

- C'est vrai ? Chic alors !

Se laissant tomber brusquement sur le derrière, elle atterrit à coté du soldat et sans aucune politesse s'empare d'une de ses mains et la scrute avec curiosité

- T'en as de belles mains ! On dirait pas que t'es mendiant d'puis longtemps...T'as pas quelque chose à manger ? J'ai faim...

Sans plus attendre, la petite personne entreprit de saisir la besace de Ma et de mettre la main à l'intérieur...

- Fait voir, heu...J'prendrais que les trucs à manger !

[hrp : qui sont les assaillants ? le combat remonte a combien de temps ? ]

Je regarde à droite et à gauche l'air perplexe puis je re fixe mon attention sur la femme.
Je m'incline courtoisement et répond respectueusement

- Nous ne voulons pas vous déranger Wang Fei, je guide deux jeunes filles et leur père sur le chemin du retour, la nuit va être très froide, nous avions espéré nous abriter en ces lieux. Humblement nous te demandons l'hospitalité ....

Mon regard erre à nouveau sur la désolation de l'endroit.

- ... Nous pourrions vous aides a donner une sépulture décente a tous ces guerriers pour le repos de leur âmes ou vous rendre un service, couper du bois chasser comme il vous plaira Wang Fei mais ne condamnez pas ces jeunes filles a mourir de froid.

Jaran

La femme laissa échapper un petit rire inquiétant et sourit tristement

- Penses tu vraiment que je sois une princesse pour me donner ainsi du Wang Fei....

D'un signe de tête, elle invita le cavalier à monter...

- Entre s'il te sied, cavalier...Ce lieu n'appartient plus à personne désormais...

D'un regard triste elle désigna l'étendard que portait le Liao dans sa main

- Et brûle cette étoffe de malheur....Beaucoup trop sont morts pour elle.

- Que s'est il passé ici ? Pouvez me dire ?

Je fais quelques pas vers elle et je cherche du regard un accès , je me retourne rapidement et fais signe a Qi de rester coi

Jaran

Les portes de l'ancienne caserne avaient été enfoncées et le bois laissait entrevoir un trou béant, donnant sur une pièce saccagée que Jaran ne pouvait correctement voir de l'intérieur...
Le femme rit en écoutant la question du Liao

- Serais tu aveugle en plus d'être perdu, cavalier ? C'est une funeste bataille qui se produit ici...Une bataille pour des hommes avides de pouvoir qui se souciaient peu de la vie des uns et de l'amour des autres...Une bataille à laquelle tu aspires toi aussi cavalier audacieux...Une bataille que les gens comme toi rêvent de mener...
Trois peuples, trois ennemis, trois alliés...Dont aucun n'a survécu...Ne reste que la pierre...et les larmes.

- Je crains de ne pouvoir mener que mon cheval et ces trois personne à bon port, à chaque jour suffit sa peine, si un jour il m'est offert de mener une armée c'est que c'était mon destin.
Je vous remercie de votre hospitalité, nous allons être discret et partirons au petit matin, si vous voulez vous joindre à nous pour le repas je vous y invite, si vous désirez autre chose je le ferais si cela est en mon pouvoir.

Je m'éloigne étreint d'un sentiment de tristesse, les paroles de la femme m'ont touchés, si prés de mon échange avec mon frère et mon accord de principe avec son ennemi.
Revenu auprès des autres je les informe de la situation et leur propose de monter quand même le campement ici.

Alors que la mendiante se jette sur sa besace, Ma met sa main devant la sienne calmement avant de fouiller lui même pour récupérer de quoi partager avec elle.

"Ce n'est pas gentil de fouiller dans les affaires des gens alors qu'il accepte de partager. Je n'ai pas grand chose, mais un morceau d'un petit peu vaut mieux que beaucoup de rien, pas vrai ? J'ai un peu d'alcool si tu veux, mais vas y doucement, j'essaie de faire durer"

- Pas gentil ! Pas gentil ? Et toi t'es gentil ? Hein ? Tu me piques mon mur !

La femme s'adoucit à la vue de la nourriture dont elle s'empara rapidement et engouffra dans sa bouche, jouant de temps à autre avec les miettes

- De l'alcool ? Pouha ! C'est mauvais....

Jetant deux miettes en l'air elle les envoya se faire culbuter les unes contre les autres

- Yaha ! Le poing du Nord est plus vaillant que le Héron du Sud ! Prends ça !

S'excitant comme une enfant de quatre ans, elle commença à mettre en place une série de cailloux sur le sol et à mimer des bruits de combats...puis tournant sa tête innocente vers Ma, elle lui sourit

- On joue ensemble ? Tu serais le commandant des Jin et moi, le valeureux général Xiang...D'accord ?

Ma Huo Yan prend son tas de cailloux avant de les mettre en ligne

"Très bien, je suis donc un Jin"

Prenant une voix un peu grave

"Ho ho, je vais te détruit, chien de Song. Mes soldats sont plus méchants et en plus ils sentent sous les bras. Mouahahahaha"

A la manière d'un tacticien je déplace mes cailloux pour encercler les cailloux de la femme

Le femme s'agita avec nervosité et tenta de contre-attaquer par plusieurs mouvements surprenant : le jeu prenait une dimension tactique inattendue, alors qu'elle battait des mains de manière puérile

- Hey ! Ces chiens de Jin sont plus rusés que je ne pensais !

Mais la stratège en herbe n'eût pas le temps de finir son oeuvre qu'un pied botté sema le chaos sur le champ de bataille

- Alors comme ça, on est plus malin que tu ne penses, la crasseuse ? fit le soldat mandchou qui les surplombait avec un sourire mauvais... Moi aussi je vais...ouf !

Aussi prestement qu'un serpent, la jeune femme avait envoyé un puissant coup de paume dans l'anatomie intime du guerrier, le contraignant à se plier en deux

- Nan, tout compte fait, vous êtes pas très malin, c'est juste parce que c'était un Song qui jouait...

- Espèce de petite traînée, je vais... fit l'homme en gémissant, aussitôt entouré de deux autres casqués...

- Oups ! Ca va barder...Viens, le stratège, on file fit la mendiante avec un clin d'œil, en lui désignant une ruelle...

Alors que le mandchou piétinait les petites caillou, la main de Ma Huo Yan s'était raffermi sur son baton de marche , c'était ce qui se rapprochait le plus d'une lance après tout. C'est alors que la mendiant manqua d'émasculer le gêneur et le cavalier envoya son baton sur son pied histoire de lui ruiner quelques os.

"Ne vois tu pas que j'étais entrain d'aider ton armée de buse, ingrat !"

Le sourire au lèvre, Ma Huo Yan suit la mendiante en tenant le baton dont il se servait au cas où des potes du pauvre guerrier serait dans le coin. Ce qu'espérait le cavalier c'était surtout que ses collègues le suivent de loin au cas où les Jins seraient plus intelligent que ce que voulait croire la mendiante.

La mendiante sourit amusée se retourna vers Ma avec un clin d'oeil

- Viens ! pouffa t-elle en s'enfonçant dans une ruelle.

Quelques mètres plus loin, elle s'éleva dans les airs avec un légéreté témoignant d'un haut niveau de Qinggong, la maîtrise de l'apesanteur...
Retombant comme une plume sur les toits de tuile, elle fit un signe de main en direction du lancier

- Vite ! Vite, ne traîne pas fit-elle avec malice

Les blessures de Ma eurent raison de son enthousiasme.
Se projetant à l'aide de son manche, son bras se raidit brusquement sous l'effet de la douleur et tandis qu'il montait vers les toits, sa trajectoire se fit moins précise.
Sa main accrocha une corniche mais la souffrance figea es traits alors qu'il se retrouvait suspendu au dessus du vide...

- Aya ! fit la mendiante qui exécuta un demi-tour Tu ne manges pas assez de viande !

Saisissant l'avant bras dans sa main frêle et le fit basculer vers le haut, projetant le lancier sur le toit avec une force qui ne correspondait pas du tout à son physique maigrelet.
En bas, les soldats montraient du doigt la direction prise par les fuyards et tentèrent de trouver une issus pour monter.
La mendiante jeta quelques tuiles de toits qui partirent en sifflant en prenant des trajectoires étranges, pour frapper les visages et les têtes de gardes... Courant un instant sur les toits, les deux fuyards retombèrent dans une ruelle crasseuse déserte où la mendiante éclata de rire

- Ha ! On s'est bien amusé ! T'es drôle toi ? Comment tu t'appelles ?

Légèrement fatigué par sa course, et par les diverses aventures dont il n'a pas encore réussi à effacer les traces sur son corps, le Capitaine mit un instant à se redresser pour prendre une air outrageusement impérieux, au point d'en devenir comique.

"Demoiselle, je suis Ma Huo Yan !"

Ricanant de sa propre prestation il reprend un air un peu plus sérieux avant de continuer

"Je suis officier au ordre de l'empire Song ... et dernièrement j'ai brillé en tant que général de cailloux moustachus Jins. Et toi comment te nommes tu ?"

La jeune femme porta ses mains devant son visage à l'instar des grands guerriers et prit une voix solennelle

- Je suis Tao Ju, la Gamine sans âge...Mais pour toi, je serais Grande Soeur Tao...et c'est moi le chef...

Sautant prestement sur une vieille barrique d'alcool de riz, elle se prit à toiser l'individu qui lui faisait face en singeant un air princier

- Je fais partie de la Confrérie des Manches Longues, de la Secte des Mendiant...

De mémoire, les Manches Longues avaient la réputation d'être aussi imprévisibles qu'ils étaient patriotes : de loyaux sujets du Song aux méthodes peu orthodoxes, qui semblaient, au demeurant, très efficace...

Comme Ma le pensait, cette femme faisait parti de la secte des mendiant, mais il ne s'attendait pas à ce que ce soit la chef, elle même, qui vienne l'accueillir. C'était une marque de respect qui ne manquait pas de toucher le capitaine alors qu'il levait les yeux sans perdre de sa présence.

"Grande Soeur Tao, je viens demander l'aide de la secte des Mendiant pour sauver l'empire Song de l'invasion Song. J'avais la mission d'escorter un ravitaillement de vivre pour la forteresse de Tian Chi, mais celui ci s'est fait attaqué avant que nous ayons eu le temps de le rejoindre. Ne pouvant rentrer à la forteresse les mains vides, j'ai décidé de piocher directement dans les réserves des Jins"

Me mettant à genoux pour montrer mon humilité devant la maitresse des lieux je touche le sol avec mon front avant de le relever

"Je viens humblement vous mettre au courant de mes possibles actions offensives qui pourraient se produire sur votre territoire et demande votre aide"

- Tututu.... fût la seule réponse que donna la jeune femme en passant ses doigts sur ses lèvres de manière à leur faire émettre un bruit étrange...

En l'espace d'un instant, la cour poussiéreuse se remplit d'une trentaine de personnes en haillons qui posèrent aussitôt genoux au sol, un bâton dans la main gauche, qu'ils firent claquer simultanément en guise de salut

- Wan sui ("Dix mille ans", formule de politesse extrême), Tao da jie ! Les frères des manches longues répondent à l'appel !

Tao Ju se laissa tomber sur les bâtons plaqués sur le sol , qui se soulevèrent immédiatement pour former une litière où elle s'installa en tailleur

- Pas mal, hein ? fit elle avec une petite mou satisfaite... Mmm...Où en étions nous déjà...Ha oui ! Sauvez le Song...Voilà quelque chose d'amusant...Pas vrai, xiong di men ?

Les vagabonds acquiescèrent silencieusement

- L'idée est marrante et comme celui qui la présente est très poli...Que doit-on faire...Mo Fang ?

Un vieillard vêtu dans les hardes qui restaient d'un ancien costume de lettré surgit alors de la masse de mendiant et lissa sa barbe crasseuse

- Tao Da Jie... Nous ne pouvons risquer de laisser notre couverture partir aux quatre vents...Mais nous pouvons aider ce jeune garçon à pénétrer dans le silo à grain...Mais qui nous dit que ce n'est pas un brigand ?

- Moi. Autre question ? fit la jeune femme d'un ton insolent, qui venait de sortir une grappe de raisin d'on ne sait où et crachait les peau aux pieds du vieillard.. La tour des Fleurs de Pourpre c'est cela...A coté du baraquement...Oui, oui...Impossible de passer...C'est encore plus amusant...
Il vous faudra des chevaux...J'adore les chevaux, sais tu ? Surtout quand ils mangent de l'herbe, ils font un bruit rigolo...Il nous faudra des chevaux Mo Fang ! Des gros ! Des blancs avec des tâches grises, ils sont plus beaux...

- Comme il vous plaira, Da Jie...Le garçon va t-il être intronisé ?

- Bien sûr qu'il sera intronisé ? Tu seras intronisés n'est ce pas ? fit la jeune femme en direction de Ma...