Chronique numéro 1 : La forêt des Esprits (Cycle de la Terre)

Yin Qiu laissa faire Jin Lan Si, confiant. Enfin, un peu moins : celui-ci venait quasiment de se vanter d'être un hors-la-loi... Mais bon, l'eunuque n'était plus à ça prêt : après tout, après Dame Bai Zhu, comment critiquer un compagnon de route mis sur son chemin par le destin ?
Il surveilla tout de même du coin de l'oeil le brigand, s'assurant qu'il entaillait correctement les cordages tout en restant crédible. Pas facile avec ce masque putride...

"Nous pouvons y aller, je pense..." souffla-t-il une fois que Jin Lan Si eut terminé sa besogne. "Passez devant, vous connaissez l'endroit et cela colle avec votre tempérament. Dame Bai Zhu portera Xiao Guang, comme maintenant et je fermerais la marche."

Intérieurement, Yin Qiu n'en menait pas large, aussi essayait-il de se couler dans son rôle de chef de troupe déterminé et qui sait ce qu'il fait.
Alors qu'il improvisait, ce jetait dans la gueule du loup. Habituellement affrontait les aléa de l'existence avec son bagou ou au pire ses flamboyants talent martiaux...
Et le voilà obligé de jouer le muet, avec un bras hâtivement recousu. Parfait.
"Que le spectacle commence..." maugréa-t-il à mi-voix, son sourire torve caché par le masque grotesque.

- Ca ne fera guère crédible si je me tiens de moi-même au cou de dame Bai Zhu...

M'attendant à être portée comme un sac à pomme de terre, je me mets à réfléchir à toute allure. Si je suis interrogée apr les moines, que dirais-je ? Que va-t-il se passer si mes compagnons sont découverts ? Je serai peut-être tuée immédiatement, égorgée comme un cochon... Qu'importe ! Je dois retrouver Xiao Hu Li...

- Attendez...Si Bai Zhu vient avec nous, ce serait étrange n'est ce pas ? Nous ne sommes que deux à être costumé ici...Et une femme ne passera pas aperçu parmi ces ânes chauves...

Bai Zhu acquiesa

- L'imbécile a raison, pour une fois...Je pense que je vais me tenir à coté, en cas de besoin...J'aime à travailler mes entrée fracassantes...

[HRP]Zut, je pensais que tout le monde ou presque avait récupéré des masques/tenu de fantômes. Sont pas doué ces PNJ. On va donc improvisé.[/HRP]

"En effet... Même si la dirigeante des Spectre Blanc est effrayante, elle ne pourra pas aisément passer pour un pseudo-fantôme..." sussura Yin Qiu d'un ton amusé. "Elle couvrira donc nos arrières."
L'eunuque se tourna vers le brigand.
"Jin Lan Si, pouvez-vous porter notre fausse-captive ? Vous avez l'air de savoir vous y prendre avec les femmes et les cordes..." lança-t-il à mi-voix. "Et j'aimerais reposer mon épaule meurtris encore un peu. Je préférerais forcer dessus uniquement quand il faudra occire du fanatique fou."

Soudain toute rouge, je réponds :

- Vous pouvez aussi me faire marcher entre vous deux...

[N'espère jamais qu'une femme chinoise de l'époque enlève ses vingt couches d'habit dans une forêt au milieu d'hommes sans avoir un le minimum d'intimité ]

Si l'immuable visage squelettique de Jin Lan Si avait pu lancer la moindre expression, il aurait sans doute refléter l'hébétement.

- Je...Oui..je...et bien oui...Au milieu..C'est...apprpr..prié..

Bai Zhu leva les yeux au ciel et ajouta d'un air neutre

- La réputation des eunuques et de leur légendaire savoir dans certains domaines n'est plus à prouver...

Quittant d'un bond la scène, elle disparut rapidement laissant les deux pseudo-assassins au prise avec Xiao Guang, qui prit le parti de la jeune femme en la laissant en place au centre, avec toutefois une certaine hésitation...
Les quelques pas vers la cour du temple fût bientôt franchie, gardée uniquement par deux "spectres" au masque similaire

[comment ça "limmuable visage squelttique de Jin Lan Si" ? Je croyais qu'il était beau ? ]

La tête baissée, faisant mine de clopiner comme si je 'métais fouler le pied, j'avance, fausse prisonnière, le coeur battant la chamade. Je tente de profiter de ces instant pour abandonner la peur qui m'habite, et tenter de retrouver une sérénité dont j'aurais grand bseoin. Par réflexe, je commence à prier...

[Le masque, choupette... Le masque...]

[ah oui, c'est vrai, je l'avais oublié ^^' Ouf, me voilà rassurée ]

Yin Qui avançait derrière Xiao Guang et Jin Lan Si, ses talents d'acteurs concentré pour simulé l'assassin fanatique, froid, professionnel qui rentre de mission.
Il ne salua donc pas les gardes : il était douteux que ceux-ci soit amateurs d'accolades ou même de banale civilité ou d'un simple hochement de tête. Il devait penser comme une machine à tuer, qui ne savait faire que ça ou presque.

L'infiltration reposait beaucoup sur Jin Lan Si : le brigand avait réussit à sortir Zheng Hua de ces lieux, il devait donc savoir où se trouvaient les geôles... Ou l'autel de sacrifice.

"Espérons qu'il se concentre assez et que les gardes n'y voit que du feu..." songea-t-il.
L'eunuque avait peur que le bouillant combattant ne se laisse aller à trop d'exubérance et en fasse trop dans son rôle de fantôme assassin ramenant une captive...
Et sans parler de la mystérieuse Dame Bia Zhu, qui devait sans doute infiltrer le temple maudit à sa manière... Yin Qui parierait par les toits... La maitresse des Spectre Blanc était d'une étrange agilité.
Là encore, il fallait espérer qu'elle ne provoque pas la zizanie...

Dieux qu'il détestait ça ! Jouer les muets et dépendre du bon vouloir du Destin...

Les masques se tournèrent en direction des deux acteurs, et ouvrirent les portes rouges du temple d'où émanaient les incantations.
Une vingtaine de moine vêtu de toge, en pleine transe, priaient à voix haute, vêtu d'habits noirs et blanc.
Véritable assemblée de momie rachitique, au visage cendreux, le lieu est lugubre comme la cérémonie.
Plus au fond du temple, devant une gigantesque statue du bouddha Di Zang allumé d'une centaine de lanterne, un autre prêtre, tout de noir vêtu semble boire à une coupe d'or un liquide qu'il fait ensuite passer à toute l'assemblée.
Son visage se tourne alors vers les deux "assassins" qu'il salue en joignant les mains devant son visage

- Que nous apportez vous de nouveau, mes frères de miséricorde ? De quelle souillure allons nous laver une nouvelle fois le monde ? De quel démon devrons nous nous défier cette fois-ci encore ? L'immortalité est un lourd fardeau pour nous autre, mais l'enfer sera vide, grâce à nous...

Le visage de l'homme apparaît au plus près de celui de Xiao Guang. Il est horriblement gris et creusé, froissé comme un vieux parchemin. Son air est aimable pourtant et son demi sourire est bonasse.
Une fine barbe blanche lui descend du menton à la poitrine, formant une bande scintillante sur son habit noir brodé de caractères calligraphié

- Sois rassurée, fille de chair et de vermine...Ton âme atteindra l'Eveil et nous prendrons sur nous tes erreurs de jadis...

A ces propos, je sens mes cheveux se hérisser sur ma nuque.

Je sais que rien ne pourra les faire changer d'avis. Mais je sais aussi que dame Bai Zhu a besoin de temps pour arriver, ainsi que Jin Sen Li et Yin Qiu pour observer les lieux. Et je suis la seule à pouvoir obtenir ce délai.

Ce délai et des informations. Qui sont-ils exactement ? Où est Xiao Hu Li ?

Je sens que ceci peut être obtenu. Non pas par l'arrogance et la provocation, qui ne feront que les énerver, eux qui se sentent visiblement dans leur bon droit. Mais par la douceur, la patience et la détermination. Vertus dont je me sais capable dans le calme d'une pièce, face à un corps qui a besoin de soin. Saurais-je les retrouver en moi dans la panique d'un danger omniprésent ?

Je lève un regard calme vers le vieillard parcheminé :

- Comme vous et comme chaque être qui vit et meurt sur cette terre, je suis fille faite d'énergie, une énergie que le cycle naturel des choses a jugé bon de m'accorder pour animer la chair qui me compose. Pourquoi vouloir m'ôter cette énergie ?

J'aurais aimé que ma voix soit sereine, douce, sans peur. Mais je ne peux l'empêcher de trembler un peu... Je ne suis pas sûre que ce point de vue sur la composition d'un être me sauve la mise. Mais peut-être que cela le fera parler. Je crains de m'opposer à lui en discutant de mon cycle de réincarnation. Une opposition trop directe ne l'agacerait-il pas ?

Le brusque mouvement de Yin Qiu parût interrompre le moine quelques fractions de seconde.
Ses yeux dérangeants se plongèrent dans l'obscurité du masque puis son sourire tiède se reforma sur ses traits.

- Pour extraire ce qui est pur de la boue dans laquelle elle patauge...Extraire le lotus de la vase, n'est ce pas le message du Sûtra du Diamant ? En te débarassant de ce corps physique sale, nous t'offrons la libération. Réjouis toi en...

[i] Le moine tourna le dos aux deux gardes puis leur fit signe de le suivre jusqu'à l'autel central.{/i]

- L'enfant m'a apporté un conséquent regain d'énergie pur de tout vice...Nulle peine, nulle souffrance..

Je fais mine d'être durement frappée quand Yin Qiu porte la main sur moi, accompagnant son geste déjà plus doux qu'il n'y parait. Je me demande s'il joue simplement son rôle où s'il souhaite que j'arrête quand le "moine" prononce sa dernière phrase.

Je sents les cheveux se dresser sur ma tête. Je me mets à hurler à m'époumoner en avançant vers l'homme [retenue par l'un ou l'autre de mes "gardes", je suppose] :

- Vous êtes complétement fou ! Vous n'essayez même pas de garder un semblant de cohérence ! Vous glissez un masque de sainteté sur des actes dignes des plus grands démons !

Je n'avais en vérité qu'une envie, courir sur lui et le tuer, par n'importe quel moyen ! Je tentais de me contrôler en me disant qu'il mentait ou, égoïstement, qu'il ne s'agissait pas de Xiao Hu Li - l'acte serait toujours aussi immonde, mais plus acceptable, je le sentais, pour moi. Il n'en restait pas moins cette peur sinistre et cette haine que je ne contenais plus - cette haine que j'avais déjà ressentie quand tous les membres de la caravane que j'avais suivie au début de mon périple avait été massacrés.

- Vous n'êtes qu'un chien sans âme, un scélérat, un démon, une goule, un messager des enfers !

Nul doute que des insultes plus imagées ont déjà été prononcées, mais c'est déjà perdre toute mesure, pour moi, que de les dire. Jamais je n'aurais songé devoir les prononcer pour désigner quelqu'un ! Je sais bien qu'en faisant ainsi je bafoue un des principes de Bouddha, mais cela m'est bien égal, sur l'heure ! Je suis réellement hors de moi ! Si je le pouvais, je me ruerai sur le vieillard pour lui arracher les yeux avec mes doigts !

- Colère et fureur....Passion et véhémence...Voilà vos erreurs...Voilà pourquoi vous êtes si sales... continua le vieil homme avec un sourire plat en montant sur l'estrade qui supportait la grande statue.. Voilà pourquoi vos trois âmes rejoindront la béatitude de l'infinie miséricorde...

Jin Lan Si eût un mouvement d'étonnement et tous heurts sur les poissons de bois cessèrent d'un coup, par un seul geste du maître de cérémonie...
Les moines se dressèrent d'un bond, en position de combat à mains nues, dans un rugissement furieux, sous le sourire toujours aussi neutre du vieux maître...

- Le masque ne peut cacher toutes les émotions, mes faux-amis fit-il souriant et caressant sa barbe La brutalité de mouvement n'est pas ce que j'enseigne à mes disciples...

Tout à fait hors de moi, je me rue sur le vieillard (ou j'essaye, selon si Yin Qiu me lâche ou pas...)

- Déhumanité et orgueil... Voilà pourquoi vous irez en enfer !

"Gou Shi ! Nous voilà démasquer..." pesta intérieurement Yin Qiu. Il savait qu'ils prenaient des risques à pénétrer dans ce nid de scorpions, mais ne penser pas être découvert si vite... Autant pour son jeu d'acteur. A faire le sauveur sur les routes, il avait dû rouillé.
Bon, maintenant, comment se sortir de se mauvais pas ? Inutile d'espérer raisonner avec ces fanatiques...

Abandonnant son rôle de gardien, l'eunuque se saisit de l'intégralité des sphères de fumigène récupérer sur les corps des pseudo-fantômes. Il les lança toutes sur le sol, au milieu de l'assemblée de moines hostiles. Il avait vu les fumées jaunâtre que dégageait une seule de ces choses au milieu d'une forêt humide. On va voir si ces fanatiques apprécié la fumigations.

Yin Qiu savait que ce geste allait rameuter tous les assassins des environs, mais il n'avait pas trop le choix : il devait semer un maximum de discorde et de confusion afin d'en profiter pour tous se sortir de là... En plus, cela donnerait un signal clair de "c'est la merde" à Dame Bai Zhu.
Et puis, sait-on jamais, si les fumigènes déclenchaient un petit incendie qui purgerait ce temple maudit par le feu, ça lui ferait chaud au coeur...

L'eunuque dégaina et se mit en position de combat, prêt à défendre chèrement sa vie et celle de Xiao Guang et Jin Lan Si, pauvres malheureux victimes d'un de ses plans foireux...

Les liens se détachèrent comme prévus, laissant toute marge de manoeuvre à Xiao Guang. Le visage du vieux moine se fendit d'un sourire fade, tandis que ses mains se tendirent pour recevoir la jeune femme....
Les deux paumes se soudèrent l'une à l'autre tandis qu'une énergie glaciale parcourait l'échine de la jeune femme, comme si sa propre vie disparaissait progressivement...

Yin Qiu provoqua un curieux mouvement parmi la foule de moine, et les vapeurs de soufre emplirent très vite l'atmosphère, rendant l'air rapidement irrespirable, les yeux de tous se mirent à piquer furieusement, tandis que l'âcre fumée jaune rendait toute vision difficile...

Bondissant sur ses deux pieds, Jin Lan Si se mit à sauter dans la foule confuse des moines pour progresser vers la sortie en marchant sur leur crâne chauve, profitant de temps à autre d'une occasion pour lancer un coup d'épée ici et là...

- La coupe est gratuite, tête d'oeuf, remerciez le désintéressement du bouddha... lança t-il à la cantonnade, avant de fermer la grande porte du temple pour retarder l'arrivée des assassins restés dehors...

Dans la pénombre jaune, deux corps tombèrent devant Yin Qiu, entourés de moine enfumés, victimes d'une marque de fabrique encore inconnu de lui : chaque cadavre portait derrière la nuque un point sanglant de la grosse d'un petit caillou, à un endroit similaire...
Une forme indistincte passa comme un souffle de vent juste derrière lui avant de disparaître de nouveau plus en hauteur...
Dans les volutes de fumée, Yin Qiu pouvait se voir entouré de cinq moines aux intentions menaçantes

[cette fois-ci, c'est la bonne : Pour les pensées on verra au réveil]