Liu Bao : La fin de l'errance

Encore une fois, Liu Bao concentre son neigong pour percevoir son environnement. Le sergent était trop loin pour pouvoir être atteint d'un bond sans risquer d'être frapper par ses subordonnés. Il fallait donc le laisser attaquer - et elle savit le chemin pour que cela arrive. Elle arbora un sourire méprisant, et lança

-"J'entends tes genoux claquer d'ici, maudit Jin. Est-ce que pour me vaincre tu va attendre que je meures de vieillesse ?"

Dans le même temps, elle restait concentrée sur la lumière vacillante de sa présence. Elle pouvait sentir la colèrre du soldat, mais ce n'est que de face qu'on pouvait vaincre le tigre... Elle anticiperait son premier mouvement d'un contre dévastateur, où elle mettrait toute sa peur et sa colère. Demain était bien trop lointain pour se préoccuper du prix qu'il lui faudrait payer.

La jeune femme claqua des doigts, et la majorité des mendiants se mirent en cercle autour de la scène du duel pour empêcher les autres gardes jin de s'interposer dans le combat...

- Très bien, morveuse ! Et vous regardez bien, vous tous ! fit le sergent, en s'adressant à un public de plus en plus nombreux Que vous compreniez enfin ce qui arrive à ceux qui s'oppose à la véritable justice du ciel...

Plus méfiant qu'à l'ordinaire, le Jin avait retiré casque et armure pour se mettre torse nu...Ses muscles luisants et sa position laissaient entrevoir qu'il devait maîtriser la lutte traditionnelle des cavaliers..

- Vous êtes fiers de votre Kung Fu, Song ? Et bien, je vous montrerais que l'on peut facilement en venir à bout...

[Etant dans le cordon de sécurité je n'ai rien à ajouter]

Surprise, Liu Bao à un instant de panique, qui ne manque pas de transparaître sur son visage

* Non, non, pas maintenant ! Ma ligne centrale, il la contrôle entièrement !*

Essayant dans un premier temps de forcer, elle se rend vite compte qu'elle ne fait pas le poids face à son adversaire. lors que tout semble perdu, une inspiration lui vient

* Non, pas entièrement... Il reste un angle, mais... c'est un angle impossible si je garde les pieds au sol. Ma technique ne suffira pas, dans cette situation ! *

D'une détente, elle se perche sur le genou avant du soldat, s'accrochant de ses doigts de pieds contractés sur l'articulation proéminente, tandis que son adversaire marque un instant de stupeur, que la contraction fugace du muscle transmit à la fillette.

* Maintenant ! *

Se propulsant comme une grenouille, elle suivit la seule direction que son bras toujours prisonnier lui offrait : l'obscurité infinie des airs et quelque part, la tête de son adversaire. Sans contact avec le sol, Liu Bao ne put retenir un cri de terreur, mais garda assez de présence d'esprit pour accrocher le visage du Jin, quand elle sentit son haleine tiède, puis à basculer derrière lui en profitant de l'énergie cinétique. Le bras libre se rabat contre la gorge de ce dernier, tous les muscles bandés, dans le but d'écraser la trachée.

* Meurs ! *

je met 5 points de souffle pour simuler l'envol, l'énergie mise dans la rotation et le choc de perdre tous ses repères sensoriels

La curieuse acrobatie souleva un cri d'étonnement dans l'assemblée...
Le sourire cruel du sergent était encore figé sur son visage lorsque le pied vint lui heurter la gorge.
La pression soutenue sur le bras de Liu Bao se fît plus molle puis la lâcha complètement, de sorte qu'elle retomba sur le dos, au bord de la syncope.
Le corps du Jin resta un instant debout, puis s'effondra à son tour, avec lenteur...
Ma résista autant que faire se peut, mais les quatre autres soldats, furieux, brandirent leurs sabres pour tenter de se dégager...

- Titititi ! hulula Tao Mauvais joueurs !

Blanche, chancelante, Liu Bao s'accroupit et pose les main au sol, dans une position qui n'est pas sans rappeler le chien assis, ou la grenouille.

* La terre, elle était absente - et pourtant mon coup a porté... Sans appuis, pas de force. C'est évident. Mais où étaient mes appuis ? Il y a quelque chose que je dois comprendre... *

Au bout d'un moment, elle lança sans se relever ni tourner son regard vers eux

-"Si vous voulez votre tour c'est le moment idéal. Mais ne croyez pas que ce sera facile..."

Voulant se relever, elle grimace de douleur alors que la blessure dans son dos se réveille. Perdant l'équilibre, elle cherche à se rattraper mais ses doigts ne rencontre que le vide, et elle retombe à genoux. Sans lever la tête, un sourire amer se dessine sur son visage, et elle ajoute

-"Dépéchez-vous, ou vous ne pourrez plus dire que vous avez vaincu Liu Bao !"

Focalisant son attention sur les soldats, Ma Huo Yan empoigna son baton pour l'utiliser comme une lance et avant de faire reculer les Jin en visant des points handicapant comme les mains, les pieds et surtout les ... enfin voilà

Lorsqu'enfin, la frénésie sembla avoir quitté la foule, ne restait que des corps sans vie sur le sol...
L'aubergiste, écroulé sur le mur de son échoppe, sanglotait dans ses mains, persuadé que lorsque l'on apprendrait qu'une brigade du Jin avait été tuée devant chez lui, il serait exécuté

- Soyez tous maudits ! Je suis fichu ! Fichu ! Vous entendez ! Vous mourrez tous ! les vôtres, et vos enfants ! Vous comprenez !? Tian ha...Pourquoi le destin est-il si peu clément avec un pauvre homme comme moi ?

La foule entière fit silence, comprenant seulement la gravité de leur acte...

- Cachons les corps ! Et tenons nous au secret ! suggéra un homme torse nu, avec un filet de pêcheur...

- En attendant que l'un d'entre nous, effrayé, parle ? fit un petit gros trapu, au visage mangé par une barbe noire et crasseuse... Pei !

Ignorée par la foule, Liu Bao s'était tenue à l'écart du combat. Elle avait eu sa dose pour aujourd'hui, quoiqu'elle en dise. En entendant les lamentations des paysans, elle eut un reniflement de mépris

* Ce n'est pas ce soir que j'aurai mes nouilles... *

* Ils ne seront pas long à trouver un responsable... autant que ça vienne de moi. *

Elle frappa du pied contre le sol

-"Qui osera s'approprier ma victoire ici !? Je suis Liu Bao, et les Jin ne craignent que mes poings !"

Sans prononcer un mot, elle se dirigea vers la sortie, la rage au ventre

- Voilà quelqu'un de bien arrogant ! C'est toi qui a commencé la bagarre, mais pas toi qui l'a fini ! s'écria la jeune femme qui s'était juché sur les épaules de deux mendiants et tapait du pied avec rage sans se rendre compte des grimaces de ses serviteurs... Il suffisait juste de pousser un peu pour transformer ces habitants en tigres ! Bien sûr qu'ils vont tous mourir executés : les jins ne feront pas la différence !

Liu Bao s'arrête, se retourne, furieuse, et pointe un doigt accusateur en direction de la voix

-"Dis donc, c'est toi qui les a ramené, tes "tigres" qui craignent si fort le retour des loups ! Pour sur, avec des partisans comme ça, les Song n'ont pas besoin d'ennemis !

Baissant sa main et le ton de sa voix, elle ajoute

"Moi je n'ai rien demandé à personne, si ce n'est un bol de soupe. Et, bandits, Jin, paysans ou wu xia, je n'ai reçu qu'insultes et coups. Moi qui suis privée de lumière, je ne vois que les actes !"

Tao éclata de rire à la vue des visages déconfits des "tigres" qui venaient de perdre la face, frappé de plein fouet par les insultes de la gamine aveugle...

- Pas d'yeux, mais très éclairée ! Ha ha...

Une homme qui avait participé au passage à tabac poussa rudement Ma Huo Yan pour se planter devant la jeune aveugle

- Toi, la gamine aveugle ! Tu n'as rien à perdre : pas de famille ou de champs à maintenir... Je n'ai aucune envie que mes enfants ne mendient pour avoir un bol de nouille ni que ma famille ne soit pendues à une porte de ville parce qu'une môme mal élevée fait les quatre cents coups ! Facile de critiquer ceux qui ont quelque chose lorsque l'on a soit même rien à perdre...

- Vous avez déjà tout perdu en perdant votre pays ! cracha Tao avec mépris...

Liu Bao reste interdite devant le revirement de la Gamine sans âge, puis décide d'y aller au culot. Croisant les bras et affectant un air aussi dédaigneux que possible pour préserver ce qui lui restait de dignité, la fillette aveugle déclare

-"Je ne sais pas ce que tu me veux, mais si tu m'invites je verrais ce que je peux faire pour toi..."

* Et surtout ne t'imagines pas que je te demande l'aumône, hein... *

L'intrusion du villageois la laisse de marbre, et bien qu'elle se tourne dans sa direction elle ne fais pas de commentaire, pas plus qu'à la réponse de Tao

- Tu nous ennuies, vieux ronchon ! fit la cheftaine des mendiants en lançant un caillou un os de poulet sorti de sa manche sur la tête du paysan Petite soeur ! Tu me fait bien rire et c'est pas peu de chose ! Je t'invite à festoyer avec nous avec les mets les plus délicats que l'on puisse trouver ! Ha ! Une bonne surprise à faire...Qu'on rentre et que l'on porte la petite soeur jusqu'à chez nous !

Deux mendiants se mirent à genoux devant Liu Bao, l'invitant à monter sur leurs épaules pour la conduire en "invitée d'honneur".

- Elle ne voit rien, tas d'idiots ! Portez là vous même ! cria Tao en frappant des mains avec agacement...
Les mendiants de frottèrent la tête, gênée et empoignèrent la gamine pour la hisser sur leurs épaules.

- Frère Ma ! Nous parlerons ensemble de tout ce que nous avons évoqué ! Et ce sera pour plus tôt que prévu !

Liu Bao laissa échapper un cri de surprise quand elle se sentie soulevée de terre, et s'accroche fermement aux épaules des deux mendiants

-"Aya ! A-attendez, je peux ma-"

Sa voix s'évanouie dans un accès de terreur, alors que la troupe se met en mouvement

Le cortège s'arrêta dans une cour crasseuse, entourée de vieilles habitations en ruine, exhibant des lanternes crevées, pendues mollement sur les toits en ruine...

- Voici la cour du grand cortège ! Notre point de réunion, le rendez vous de la guilde des longues manches ! C'est bien pratique ne ne pas avoir à te bander les yeux pour ne pas te permettre de retrouver le chemin...


Un bruit confus de bois que l'on racle au sol et de feu que l'on prépare se fit entendre : on préparait un repas qui n'avait rien d'un banquet ordinaire de mendiant....

- Nous avons tous pu admirer le courage de la petite soeur Liu et la franchise du frère Ma...Soyez nos invités d'honneur pour ce soir...Dans la nuit, nous ferons en sorte que tout se déroule comme prévu, car nous avons un plan...La jeune soeur Liu veut-elle prendre par à cette bonne farce contre le Jin ?
Elle a sans doute entendu parler de la forteresse de Tianchi où se réfugie les victimes des pillages incessants des barbares du Nord ?

Etourdie par le trajet, Liu Bao met quelque temps à reprendre ses esprits. A la question de Tao, elle répond

-"Si la grande soeur Tao veux s'en prendre au Jin, elle peut compter sur moi. Je ne les aime guère, et je prêterai volontiers main-forte à mon hôte."

La femme frappa dans ses mains d'un air satisfait

- Alors c'est ce soir que nous passerons à l'acte ! Ha !

Encouragés, les mendiants heurtèrent la pointe de leur bâton sur le sol puis le levèrent quasi-simultanément

- Comme l'a sous-entendu le frère Ma, les réserves de grains sont le nerf de la guerre des troupes envoyées sur Tianchi...Si nous les privons de cet apport, nous bénéficierons d'une victoire morale sur le Jin et pourrions redistribuer la nourriture à d'autres personnes...

ROUAAA !

Un rugissement avait éclaté dans la cour, alors que deux mendiants de faction venait d'effectuer une traversée aérienne du lieu de réunion pour s'écraser dans un tas de caisse de bois, libérant un nuage de poussière

- Raa ! Cafards mangeurs de merde ! Où est passé mon petit frère ?

Un être colossal à la peau sombre et au visage dévorée par une épaisse barbe noir venait de faire irruption dans la cour. Il écrasa ce qui semblait être un tambourin à grelot sur la tête d'un pauvre vagabond qui avait le malheur de se trouver à proximité, dans un bruit de clochette épouvantable...
Ma Huo Yan y reconnu immédiatement son frère de bataille Zhang Hei Shan...

- Répondez moi ou je fais un carnage !

Alors qu'elle cherchait à l'odeur la source des senteurs délectables qui flottaient dans la pièce, Bao eut la surprise d'entendre le bruit sourd d'un corps s'écrasant au sol à grande vitesse, suivit d'un râle discret. La voix du colosse résonna comme le tonnerre, donnant quelques explications à l'évènement.

Mécontente (pour changer), la jeune aveugle se tourne vers la source du chaos :

-"Gou Shi ! L'univers entier conspire a me faire jeûner ! Qui es-tu pour interrompre le repas de Liu Bao, Da Dan !?"

Les hurlements s'arrêtèrent d'un coup et le géant ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes à l'intention de Liu Bao

- Qui est ce petit cancrelat, qui ose demander mon nom ? N'as tu pas d'yeux pour voir ? fit-il avant de s'interrompre en plein milieu de sa phrase, presque gêné... Oui, enfin, bref...Je suis Zhang Hei Shan, la montagne Noire et je t'épargnerais aujourd'hui eu égard à ton handicap et ton âge de jeune génisse! Ha ha !

Voyant que le frère Ma n'avait rien d'un captif, la colère du colosse semblait redescendre aussi vite qu'elle était montée...

-"Et moi je t'épargenerai eut égard à ton âge canonique. Nous voilà quittes. Maintenant vas-tu t'assoir avec nous ou continuer à insulter tes hôtes ?"

La grosse brute se tût un instant et fusilla du regard la gamine qui le fixait de ses yeux morts...puis éclata de rire...

- Ha ha foutus gamins ! Ca sait à peine marcher que déjà, la langue est bien pendue ! Apportez moi une jarre de vin et qu'on en parle plus ! Alors vous préparez un coup sans moi ?

Le vieil homme qui semblait être le conseiller du groupe jeta un coup d'oeil à la dérobée en direction de Tao, que la scène avait l'air de beaucoup amuser

- Si tu es un frère de Ma Huo Yan, bois tout ton saoul et tais toi....D'ici quelques heures, nous porterons un coup à l'avancée du Jin. Une partie d'entre nous semera le trouble en ville, tandis que les plus agiles se glisseront dans la tour du tambour pour mettre feu aux réserve de grains de l'ennemi...Qui se portera volontaire pour l'une ou l'autre de ces tâches ?

- Les plus habiles ? Pfff...Voilà qui me disqualifie d'office...Mais s'il s'agit de mettre les pieds dans le plat, vous pouvez compter sur moi ! fit le colosse en frappant du poing sur la table, tout en projetant du vin partout en parlant la bouche pleine..