Maison de Thé de Lü Ye

Dans le chaos et la souffrance qui avaient ravagé la ville lors de l'entrée des troupes Jin, le quartier des plaisirs ressemblait à un havre de paix. Les établissements n'avaient pas brûlé, les morts se résumaient à quelques pertes dans la garde de la ville qui refluait au plus fort de l'assaut, et il régnait ici un ordre presque irréel.
À l'heure actuelle, les tenancières des maisons des fleurs, tout comme celles des établissements moins cossus de l'endroit, tenaient bon la barre. La plus expérimentée d'entre elles, une femme dans la quarantaine dont l'intelligence était unanimement respectée dans le quartier, et dont la beauté avait été maintes fois célébrée par les poètes et les artistes, était engagée dans une négociation ardue avec un officier Jin, dont la mine perplexe traduisait bien la surprise.

- Nous sommes tout à fait conscientes que notre situation est délicate, noble guerrier du Jin. Bien sûr, vous êtes les vainqueurs de cet affrontement, et cela est bel et bon.
- Nous ne souhaitons pas employer la force, patronne, mais si vous n'obtempérez pas, nous n'aurons d'autre choix que de forcer les portes et d'emmener les femmes au camp. Nos ordres sont explicites.
- Certes, Da Han... Bien entendu, les combats ont été durs et vous avez besoin de vous détendre... Et nous sommes toutes prêtes à vous distraire, croyez-le bien....
- Alors, où est le problème ?

Elle eut un sourire irrésistible et baissa modestement les yeux, puis glissa un regard de velours à l'officier, qui ne put s'empêcher de se rengorger. Son charme fonctionnait encore bien sur les hommes, quelle que soit leur appartenance.

- Oh, noble capitaine du Jin, nos pensionnaires ont peur. Ce sont des femmes jeunes, simples, dont l'esprit est influençable. Et l'attitude des troupes lors de la prise de la ville leur fait craindre le pire... Pensez-vous pouvoir garantir leur sécurité ? Cela les rassurerait grandement, Da Han, et elles seraient bien plus enclines à reconsidérer votre offre si généreuse.
- Je...

Le sourire de la femme s'accentua et la confusion envahit délicieusement ses joues.

- Je savais que je pouvais compter sur vous, Da Han. Vous êtes un homme bon et juste, l'esprit de nos pensionnaires sera apaisé, sans nul doute.
- Mais... Oui, bien sûr...
- Oh, si j'osais... Capitaine de la grande armée du Jin, j'ai le privilège d'avoir parmi mes invitées une jeune dame de très grande qualité, dont la beauté et les talents seraient à même de satisfaire les hommes les plus exigeants. Pensez-vous que votre général apprécierait de passer la soirée en sa compagnie ?

L'officier hésita un instant, puis acquiesça. Si cette personne était aussi douée que la patronne le disait, le général n'oublierait pas le nom de celui qui lui aurait fait ce présent.

- En effet, je pense que notre chef saura vous remercier comme il se doit de votre attention. Menez-moi à elle.
- Je vous serai gré de votre entremise, noble capitaine. Lorsque le général aura accepté notre petite marque de considération, nos jeunes pensionnaires prendront sans crainte le chemin de votre campement sous votre garde vigilante. Je vous en prie, donnez-vous la peine de me suivre.

La patronne s'inclina bien bas devant lui et le précéda avec quelques courbettes et des paroles aimables jusqu'à une grande maison claire aux nombreux balcons décorés de fleurs multicolores. Les volets étaient tirés, mais le capitaine pouvait sentir la multitude des regards qui pesaient sur lui au fur et à mesure qu'il avançait dans l'allée de sable blanc bordée d'épais massifs couverts de boutons. La double porte de bois rouge hermétiquement close s'entrouvrit sur leur passage, et ils pénétrèrent dans une salle intérieure ouverte, aux déc où étaient disposés coussins, tables basses et paravents.

Il leva la tête et vit le balcon qui courait tout autour, les silhouette féminines dans les longues robes de soie, à demi dissimulées par les paravents peints et les colonnes. Le bruissement de la soie autour des chevilles qu'il devinait fines, les conversations chuchotées qui flottaient dans l'air autour de lui, les effluves des parfums raffinés qui le précédaient dans les pièces qu'il traversait à la suite de la tenancière du lieu... Ce tout d'impressions, de sensations, suggéré, susurré à ses sens de combattant échauffèrent son corps tout autant que son esprit. Cette maison était sans nul doute l'une des plus raffinées de la ville.

Il s'engagea dans l'escalier sculpté à la suite de la patronne. Le saint des saints pour les clients suffisamment chanceux qui y étaient conviés. Un froufrou d'étoffe fut le seul indice qui trahit la présence des pensionnaires lorsqu'elles retournèrent à l'abri de leur anonymat de papier, derrière les fines cloisons qui fermaient l'entrée des petits salons attenant à la galerie.
Les délicates estampes accrochées de ci de là décoraient avantageusement les murs clairs, offrant à la vue du visiteur des paysages choisis. Quelques calligraphies, sans doute des présents de l'école dont il ne restait que des cendres, invitaient le visiteur au calme et aux délices d'un instant privilégié.

La femme avança de son pas tranquille jusqu'à l'entrée d'un couloir plongé dans la pénombre et fit signe à l'officier de la suivre. Il s'y engagea à sa suite, regardant le décor qui changeait subtilement à mesure qu'il s'enfonçait dans le secret de la maison. Les estampes n'étaient plus si sages et plus si bucoliques, signe indubitable qu'il était arrivé à la frontière entre le monde ordinaire et le royaume des voluptés...

Elle s'arrêta devant une délicate cloison décorée d'un pin torturé, juché au sommet d'un promontoire surplombant un lac. Elle toqua et attendit quelques instants, puis fit coulisser le panneau et précéda le capitaine à l'intérieur. Il aperçut le mobilier en bois de rose finement ouvragé, les coussins de soie, et les odorants bouquets de pivoine dont le parfum l'accueillit.

Dans la lumière déclinante qui étiraient les ombres dans la pièce, une silhouette gantée dans une fine soie purpurine se tourna vers lui, et ce simple geste fut à lui seul d'une infinie séduction. L'étoffe glissa sur les longues jambes comme l'eau sinueuse sur une grève de sable, et il suivit malgré lui le mouvement fluide de la soie sur les courbes généreuses de ses hanches, de son ventre et de son buste.
Il glissa le long de la peau si blanche de son cou gracile, qu'il imaginait douce comme la pêche sous ses doigts. Il découvrit les traits parfaits et le teint de porcelaine du visage, la bouche de cerise mûre faite pour les baisers. Et il se rendit compte qu'il retenait son souffle quand il rencontra les yeux clairs. Étaient-ils bleus ou verts ? Il n'en savait rien.
Son coeur manqua un battement quand elle le regarda, quand elle lui sourit. La femme n'avait pas menti quand elle disait que son établissement abritait un joyau. Un instant, il eut envie de la garder pour lui. Au diable le général et le reste de son état-major.

La voix de la patronne brisa le charme avec brutalité.

- Xiao Yu Yan, le noble capitaine du Jin que voici, a suggéré que vous pourriez peut-être accepter de distraire le chef suprême de leur armée ce soir... Auriez-vous l'amabilité de considérer sa requête ? Votre présence rassurerait sans nul doute vos compagnes qui doivent se rendre au campement ce soir, car les soldats accepteraient de se comporter correctement pour ne pas déshonorer leurs officiers.

La jeune femme fit quelques pas dans leur direction et il put sentir les effluves de son parfum, un mélange d'orchidée et de rose, pensa-t-il. Elle plissa les yeux et jaugea l'homme en face d'elle en silence, s'approcha encore. La mousseline de soie sur ses épaules était si fine qu'elle laissait deviner la peau diaphane juste en-dessous.
Il se passa un moment qui lui parut interminable avant qu'elle ne parle, et sa voix fut aussi pure que le cristal de ses traits.

- Je suis toute disposée à rendre ce petit service au noble guerrier que je vois ici. Il se montrera, je suis sûre, d'une parfaite courtoisie envers moi et veillera, ainsi qu'il sied à un homme de haute naissance comme lui, à la sécurité de mes soeurs. S'il avait la bonté d'attendre que je me rende présentable...
- Oh, bien sûr, bien sûr. Il attendra, ainsi qu'il sied à un homme de son éducation.
- Dans ce cas, je me plie bien volontiers à sa requête.
- Je vous en suis reconnaissante, Xiao Yu Yan. Si vous le permettez, je vais donner les instructions nécessaires et faire servir un thé au capitaine.
- Oui, ce me semble parfait.

La patronne s'inclina profondément devant elle et l'officier, puis les servantes envahirent les appartements de la courtisane dans un silence efficace et elle disparut dans une pièce voisine.
Lorsqu'elle revint un long moment plus tard, elle était encore plus belle que lorsqu'elle l'avait quitté. Un long manteau de soie bleu nuit brodé de petites étoiles d'argent l'enveloppait entièrement, et ses longues boucles aile de corbeau étaient relevés en un chignon compliqué, piqué de deux longues aiguilles en ivoire. Elle sourit à l'officier et il en eut la gorge sèche.

- Je suis prête, noble guerrier de l'armée du Jin, et mes compagnes attendent en bas. Si vous voulez bien vous donner la peine de nous conduire...
- Merci d'avoir accepté mon invitation, parvint-il à articuler.

Quelques instants plus tard, les pensionnaires du quartier des plaisirs de Jilin, parées de leurs atours, prenaient la direction du camp de l'envahisseur. À leur tête, le capitaine et la jeune femme qu'il escortait. Sans nul doute, le général serait flatté d'une telle attention. Le joyau qu'il lui ramenait était bien au-delà de ce qu'il s'attendait à trouver ici.

Le chemin qui menait au Ya Men était relativement court, les quartiers de plaisir se situaient rarement loin des demeures les plus luxueuses de la ville et étaient étroitement surveillées par les autorités...

Le capitaine laissa les femmes sous la garde de son escorte et pénétra dans l'office mandarinal, où il posa genoux à terre et plaça ses mains au dessus de sa tête en signe de soumission puis ajouta à pleine voix

- Jiang Jun, le misérable officier Ah Gu Da désirerait lui faire montre d'un présent....

La Terreur du Nord, le général Nuarchi interrompit sa houleuse conversation d'avec ses prisonniers, les officiers en charge de la ville et le mandarin local.

- Ah Gu Da ! fit l'homme puissant, aux traits marqués par la guerre Tu tombes à point...Je n'arrive pas à faire changer d'avis à ces têtes de mule de Song... A croire qu'il préfère sacrifier un peuple entier que leur place ! J'espère que ton cadeau me fera passer l'envie de leur faire tailler le crâne en biseau...

Les deux généraux Li Meng et Lu Yu, deux jeunes hommes d'une vingtaine d'années, peu habitués aux affres du combat restèrent muets en baissant la tête...Leurs armures d'or paraissaient bien ternes et bien trop lourdes pour eux, en ce funestes moments...
Seuls le vieux mandarin, Gu Hai, un lettré de soixante dix ans déjà, à la barbe blanche et interminable, cracha au sol

- Pei ! Quel général digne coupe un entretien pour des broutilles ? Retire tes troupes Nuarchi, ou l'empereur réagira bien trop vite pour toi...

- Quel entretien, vieux bouc ? Tu parles tout seul depuis une veille et ne veut rien entendre ....Estime toi heureux que les distractions te fassent gagner quelques minutes de vie...Ah Gu Da ! Fais les entrer...et emportez moi ces pitres !

Le groupe de courtisanes, danseuses et musiciennes, attendait patiemment dans le grand hall, mais les éclats de voix avaient résonné jusqu'à elles bien avant que le capitaine n'entre dans l'office mandarinal. Yu Yan garda les yeux baissés et les mains perdues dans les longues manches de son vêtement, considéra ses compagnes pour la plupart terrifiées. Les rumeurs des exactions de l'armée leur étaient parvenues et toutes craignaient de subir des outrages.
Cependant, la jeune femme devait bien reconnaître que les troupes avaient su se tenir, du moins dans le quartier où elles résidaient. Mais c'était chose tout à fait prévisible. Les distractions seraient rares si les soldats massacraient celles qui les leur apportaient.

Elle vit passer trois hommes qu'elle reconnut sans peine. Deux jeunes gens qu'elle voyait souvent dans la maison où elle résidait, mais qui pour l'instant faisaient grise mine ; et le mandarin, un vieillard fier qui aimait la musique et la poésie, et qui semblait positivement furieux. Les Song n'étaient pas à la fête aujourd'hui. Leurs ennemis Jin étaient déjà bien bons de ne pas les avoir passé au fil de l'épée sans autre forme de procès.

Le capitaine revint et les conduisit jusqu'à la salle où se trouvait Nuarchi, en compagnie d'une partie de son état-major. Le silence se fit étrangement à leur entrée, et Yu Yan sentit les regards inquisiteurs se poser sur elle et ses compagnes. Il ne fallait pas faire de faux-pas. Un de ces hommes pouvait parfaitement tuer l'une d'entre elles s'il estimait qu'elle lui avait manqué de respect.
Dans un bel ensemble, fruit d'une longue pratique, le groupe de courtisanes s'agenouilla et posa le front au sol devant le nouveau maître de la cité. À nouveau, l'officier s'adressa à son supérieur d'une voix forte.

- Jiang Jun, le misérable officier Ah Gu Da désire lui présenter Yu Yan ! Il espère qu'elle aura la chance de vous distraire par ses modestes talents !

Il s'approcha de la jeune femme et lui fit signe de s'avancer. Celle-ci obtempéra et s'agenouilla à nouveau devant Nuarchi, les mains toujours perdues dans les longues manches soyeuses de son vêtement, le salua par trois fois. Ne pas parler, pas avant qu'il ne s'adresse à elle. Les choses étaient bien engagées pour l'instant.

Yu Yan laissa les jeunes femmes mettre le spectacle en place et mit ces quelques minutes à profit pour se concentrer sur son souffle, sur les vibrations du monde qui l'entourait, sur celles de la musique, et elle s'accorda au rythme lancinant des flûtes et des tambourins. La danse, c'était toute sa vie. Elle était née d'une danseuse, elle avait grandi dans un théâtre, elle dansait depuis qu'elle savait marcher.

Sa main fine et pâle plongea dans le petit coffre posé à terre, grand ouvert pour qu'on en voie le contenu, et en ressortit un petit collier de grelots. Elle prit son temps pour l'attacher, elle sentait que les hommes autour d'elle n’en perdaient pas une miette alors qu’elle relevait le tissu et dénudait son mollet, qu’elle accrochait à sa cheville la cordelette de soie sombre sur la peau blanche et lisse. Son regard vert glissa sur l'assemblée et s'arrêta sur Nuarchi, sa masse imposante, son air sévère tandis qu’elle s’apprêtait avec soin, et laissa là où il se posa l’impression d’une brûlure. Elle mit la main dans sa manche et en tira un éventail du même bleu que son vêtement. Il vit alors sur sa paume ouverte un dragon stylisé peint avec délicatesse, d'un rouge flamboyant.

Les grelots tintinnabulent gaiement à son pied durant les quelques pas qu’elle fait de sa démarche légèrement chaloupée pour arriver jusqu'au centre de la salle, entourée des autres danseuses. Le léger manteau de soie carmine décoré de fleurs, de la même couleur que ses lèvres, aussi aérien qu'une brise d'été, bruissa autour de ses pieds menus dans un murmure suggestif, étouffant le bruit des grelots, dévoila le han fu qu'elle portait en dessous.
Une soie d’un bleu très sombre, un bleu de crépuscule, ou d’orage, semé de corolles de fleurs d’un rose délicat et de papillons verts, d’une teinte à peine moins vive que celle de ses yeux. Le vêtement aux longues manches, largement échancré sur la nuque, était ceint d’une étoffe rouge-rose, et il semblait que les papillons du han fu s'étaient posés sur la peau nue, invitant à l’exploration et à la découverte.

Ses cheveux noirs étaient relevés en un élégant chignon piqué de deux baguettes d'ivoire, le maquillage, appliqué avec un art consommé, mettait en valeur l’extraordinaire couleur de ses yeux, la délicatesse de son teint, la courbe sensuelle de sa bouche. Elle eut un nouveau sourire, ses bras glissèrent le long de son corps vers le plafond, elle renversa la tête en arrière, comme possédée par l’extase.

L’éventail se déplia en un seul mouvement fluide et vint cacher son visage, dévoilant au spectateur une nuée de papillons bleus, qui sembla s’envoler quand le papier s’élança vers le ciel et se plia pour disparaître dans la manche du manteau.
Les grelots tintèrent et la jambe fine surgit de la soie sombre, se posa avec légèreté sur la pointe du pied. L’éventail rouge se déploya juste au bord de ses yeux verts soulignés de noir et glissa sensuellement le long de son cou jusque sur sa poitrine, puis disparut à son tour dans un froissement délicieux. Le corps ondula comme un serpent gracieux dans le fin tissu moiré qui le gantait et la longue jambe nue se posa sur la première marche de l’estrade, s’exposa au regard inquisiteur du spectateur.

Yu Yan s’élança et le manteau s’envola dans son sillage, pour s’échouer au sol un peu plus loin sur la pierre polie du sol. La vague parfumée que le mouvement souleva vint caresser Nuarchi, alors que le han fu tourbillonnait et laissait entrevoir fugacement le galbe de la hanche. Les papillons jaillirent encore et cachèrent à sa curiosité la peau d’albâtre du ventre finement sculpté.
La ceinture se lova autour d’elle comme le dragon sur sa main s’enroulait autour des énergies qui la parcouraient. Elle tangua et ondoya au rythme des mouvements lascifs de la danseuse, les éventails se croisèrent et se cherchèrent au bruit chaud du grelot sur sa cheville attirant l’attention du spectateur sur les jambes fines peu à peu dévoilées.

L’entrelacs prit le papillon dans ses rets, l’animal et le végétal se mêlèrent comme se mêlèrent la soie sombre et la peau d’albâtre. La ceinture était tombée autour des chevilles et le vêtement léchait son corps comme le ressac de la mer la plage de sable blanc. Le han fu vert tournoyait, virevoltait, jouait à cache-cache avec les yeux noirs qui cherchaient à découvrir les courbes qui s’y perdaient. La danse des longues jambes accéléra et le tintement de plus en plus rapide des grelots fit monter la tension dans l’homme qui assistait au spectacle.

La soie tomba et dénuda un peu plus les épaules, laissant entrevoir les papillons peints sur son corps. Son souffle était court, il sembla un instant que ces insectes étaient prisonniers de sa peau diaphane et tentaient de s’échapper. Les yeux verts plongèrent dans les prunelles noires, les affrontèrent pendant un instant, mais il n’y avait aucune colère, juste le feu de la danse. Puis, lentement, le sourire revint ourler les lèvres sensuelles, faites pour le baiser.

Lorsque la dernière note résonna et que le son du dernier grelot mourut, plus un son ne filtrait dans l'assemblée. Puis ce fût une ovation d'une intensité rarement vue dans tout le Yamen : les guerriers frappaient leurs épées sur leurs boucliers et les lanciers cognaient leur lances sur le sol dans un vacarme épouvantable, tandis que retentissaient les hululements que poussaient habituellement les guerriers du Nord.
Le général n'avait pas perdu une miette des évolutions de la danseuse et Yu Yan le savait.
Il frappa du poing sur sa chaise avec un air de contentement, faisant tinter sa cuirasse

- Excellent ! Que l'on fasse servir les vins et les viandes.
Donnez à cette fripouille de Ah Gu Da cent chevaux et quatre cent rouleaux de soie que nous avons trouvé et qu'il vienne manger avec moi !

Le capitaine se mit de nouveau à genoux pour montrer sa gratitude, mais Nuarchi désigna la danseuse du doigt

- Et toi...Approche ! Si tu m'accordes tes faveurs, je te donnerais ce dont tu auras envie...

La maquerelle sentit son moment arriver et entreprit d'ouvrir la bouche

- C'est un honneur que vous nous accordez Nuarchi Jiang Jun, nos misérables....

Nuarchi frappa du poing une nouvelle fois

- Silence ! C'est à elle que je parle! Elle a bien une langue non ? Alors laisse la parler !

Le souffle court de la jeune femme s'apaisa peu à peu, et elle sourit de nouveau alors qu'elle rajustait sa tenue, puis elle salua l'assemblée qui l'avait si chaleureusement ovationnée avec respect. Rares étaient les danseuses qui pouvaient se vanter d'avoir fait l'unanimité à la première représentation.
Elle regarda le général un instant, semblant considérer sa requête, puis hocha la tête et s'approcha du trône sans hésiter, de sa démarche légèrement chaloupée. Sa voix douce et claire comme du cristal se fit entendre pour la première fois lorsqu'elle arriva près de lui.

- Vous êtes trop bon avec moi, Nuarchi Jiang Jun. Je ne pouvais faire moins pour honorer la confiance de votre valeureux capitaine, qui a pensé que mes piètres talents seraient à même de vous plaire. Et je n'aurais rien pu faire sans l'aimable concours de mes compagnes, qui ont grandement participé à faire de ce divertissement un agréable moment.

Elle s'inclina avec déférence devant lui et garda les yeux baissés. Le général était bien disposé à son égard, mais il fallait rester prudente. Les hommes étaient versatiles, c'était bien connu. Il serait malvenu de tout gâcher par excès de confiance.

- Votre courtoise invitation est fort aimable, mon seigneur, et je vous en remercie.

La soie glissa comme l'eau sur ses courbes voluptueuses et elle sentit le regard des hommes de l'assemblée sur elle, celui du général qui cherchait à croiser ses prunelles claires. Yu Yan se détendit et resta patiemment près de lui à attendre son bon vouloir.

Visiblement très satisfait de la réponse, Nuarchi invite la jeune femme à manger à sa table tandis qu'il ordonne aux autres hôtesses de servir ses autres soldats...
Le banquet est simple mais d'une dimension phénoménale. Les soldats se relâchent et commencent à rapidement s'enivrer et plaisanter bruyamment.
Les captifs chinois sont reconduits à leurs cellules et Nuarchi se tourne alors vers la danseuse

- Alors, tu ne m'as toujours pas dit ce qui te ferais plaisir ? Tout ce qui se trouve dans cette ville m'appartient...Tu as beaucoup de choix ! Ce que Nuarchi a promis est toujours respecté. Ai je tort ?

Les hommes acquiescèrent bruyamment à la question de leur chef

- Parles en toute tranquilité.

Yu Yan avait goûté à tout ce qu'on lui avait présenté. La compagnie du général était plaisante, ce n'était pas un rustaud sans éducation même s'il était bien plus brut de décoffrage que les Song de la ville. Il était prévenant et veillait à son bien-être, ce qui était normal au vu de l'idée qu'il avait derrière la tête.
Elle écouta avec attention son petit discours et sourit.

- Je n'ai pas oublié votre offre si généreuse, Nuarchi Jiang Jun, mais... Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, j'aimerais y réfléchir. Je n'ai jamais eu à choisir dans une ville entière, et ce n'est pas quelque chose que je souhaite gâcher par une précipitation mal avisée. Pensez-vous que je pourrais abuser ainsi de votre bonté ? La nuit porte conseil, dit-on.

Le général acquiesça

- Tu n'es pas aussi avide que la plupart de rats qui peuplent ce monde ! Je sais apprécier les choses de valeur, moi aussi. Aussi vite pris, aussi vite perdu.... C'est entendu.
J'espère que les hommes ne se sont pas mal comporté. Ah Gu Da a toute ma confiance, mais sur ce ramassis de brigands, quelques uns auraient plus leur place avec la tête dans un panier qu'au sein de cette armée...

La porte du Yamen s'ouvrit de nouveau, libérant un autre officier Jin, tenant à ses cotés un jeune homme débraillé et visiblement légèrement ivre...

- Ha ! Amarchi ! Quelle horreur m'amène tu là ? plaisanta Nuarchi

_ Jiang Jun, il s'agit de l'un des mercenaires qui s'est battu à nos cotés...Il s'estm ontré exemplaire et a un réel potentiel !

- Ha oui ? Et toi "réel potentiel" quel est ta version des faits ?

Yu yan baissa les yeux sur sa tasse de thé et eut un petit hochement de tête éloquent.

- Ah Gu Da Da Han en personne a veillé à ce qu'aucune déprédation regrettable n'ait lieu dans le quartier des plaisirs, mais pour ce qui est du reste de la ville, je ne puis dire. Les rumeurs n'ont malheureusement pas fait état d'autant de pondération de la part des troupes qui ont envahi les rues... La guerre apporte son lot de larmes et de sang, quelle que soit la province dans laquelle elle a lieu. Que pouvons-nous y faire, nous qui habitons ici ?

Elle porta la porcelaine à ses lèvres pulpeuses en un geste gracieux et délicat. Inutile de s'appesantir sur le sujet, personne ne pouvait revenir en arrière.
Et surtout, s'ils s'étaient livrés au pillage, c'est qu'ils en avaient reçu l'autorisation. Inutile non plus de se voiler la face, la guerre était une affaire d'argent.

L'entrée fracassante de l'officier et de son compagnon détourna un instant l'attention du général de son décolleté. Yu Yan jeta un coup d'oeil aux autres femmes, occupées à distraire l'état-major et les invités de Nuarchi, puis considéra les deux hommes avec curiosité. Une nouvelle tête... Quels exploits pouvaient donc amener un mercenaire dans la salle du banquet ?

[Pour me standardiser, je vais écrire à la troisième personne]

La bouteille à la main, Zu Han était encore en train de passer de l'alcool sur ses blessures. Les portes s'ouvrirent alors sur lui ce qui ne manqua pas de provoquer les plaisanteries de la part du général.

"Horreur ? Il parle de moi là ?"

Notant alors que la vinasse à la main pouvait le faire passer pour ce qu'il n'était pas encore. Il lança sa bouteille derrière lui avant de secouer la jambe pour la sécher un petit peu et entra dans la pièce. Avancant d'un pas nonchalant jusqu'au centre de la pièce, le vagabond ne releva pas la plaisanterie et salua le général et uniquement le général.

"Ma version de la bataille ? Il doit y avoir un paquet de monde qui serait mieux placé que moi pour répondre. Il faut dire qu'être en première ligne demande souvent à avoir l'attention tourné vers les connards qui nous foncent dessus. Ma version est simple, j'ai foncé dans le tas, j'ai tué tout ce qui ressemblait à un soldat Song, je suis entré dans la cité et, pour changer, j'ai tué ce qui ressemblait à un soldat Song"

Amarchi se mit à genoux devant le général pour prendre la parole

- Excusez la conduite de ce jeune guerrier, Jiang Jun...C'est un mercenaire, il ne connaît sans doute pas votre rang ...

Nuarchi éclata de rire et jeta un disque de jade au guerrier, d'une assez grande valeur

- Et s'il connaissait mon rang, aurait-il raconté les choses avec autant de réalisme ? Un chien est un chien, il a simplement mis les bons mots sur les bonnes choses. Nul ne lui a demandé d'être poète, mais de manier un sabre...Alors, terreur des Song, qu'est ce que tu es venu chercher ici ? Un titre ? Une part de trésor ? Des Femmes ? Il y en a à foison ici, à moins que les gens du Song ne te dégoutent ...
Amarchi est un bon soldat, lorsqu'il dit que quelqu'un est valeureux, il l'est. Mais mon armée n'accueillera pas les chiens fous éternellement...

Un sourire s'affiche sur le visage de Zu Han alors qu'il pouvait parler avec le patron sans passé par des intermédiaires plus idiot et couard les uns que les autres.

"Ce que je cherche personne ne peut me l'offrir à part moi. Pourquoi j'ai attaqué la ville ? Sacrée question ça. Disons que mon errance m'a conduit jusqu'à elle et que je suis tombé sur votre armée. Disons aussi que je me voyais mal toquer à la porte avec un sabre en leur disant que je cherche pas les problèmes. Et disons aussi que je suis peu enclin à mendier pour vivre alors, quitte à foutre la merde dans Jilin au final, autant être payer pour le faire."

Le regard de Nuarchi trahissait une certaine déception

- Pas de collier doré et pas de chaine hein ? C'est bien dommage. J'aurais pu faire de toi un soldat...Mais sans discipline et sans ambition, ce n'est que du talent gâché...
Enfin. Tu reste le bienvenue à ma table : j'oublie rarement les services rendus ! Sers toi en vin et en nourriture à ta guise...Tu pourras repartir avec un bon poids en argent et en jade, si c'est ce qui t'interesse, et je te fournirais un cheval.
On m'a dit que tes compagnons et toi avaient quelques différents. Autant régler les affaires sans plus de sang.

La jeune femme derrière le général attira l'attention du vagabond....Elle ne semblait pas du tout de la région, ni même de celle des Jin...
Nuarchi n'était pas un "homme à femme", il eut fallut que celle-ci soit d'une extraordinaire conviction pour qu'elle trouve siège à ses cotés..

"Les colliers dorés et les chaines sont pour les chiens et les esclaves. Le pire c'est que bien trop de gens ne les sentent pas. Si vous voulez me payer, nul besoin de des tonnes d'argent, je ne pourrais les porter, nuls besoin d'un cheval, je devrais le nourrir. Si vous voulez me récompenser je prendrais un peu d'argent, un peu de nourriture et laissez moi boire une gorgée d'égal à égal avec vous. Car général ou vagabond, qui peut dire si l'un a plus de liberté l'autre ?"

Son regard lorgna alors sur la magnifique créature qui au bras du général.

"Hum, cependant, il y a des colliers dorés que je serais prêt à accepter si vous voulez que je combatte pour vous"

Le sourire du vagabond était autant plus défiant en pointant Yu Yan

"Si vous m'offrez un bain et une soirée en compagnie de cette ange pour me laver et un érudit pour une durée indéterminée, je vous suivrais jusqu'en enfer"

Le sourcil parfaitement dessiné de la danseuse s'arqua délicatement en entendant la tirade du mercenaire. Soit il était fou, soit il était inconscient, soit il jouait avec la chance. Ou bien il était un peu les trois à la fois, mais même la chance du fou se tarit un jour, à moins que Nuarchi ait le sens de l'humour ? Cela, elle l'ignorait.
Elle se permit cependant de regarder l'homme qui parlait de la sorte de la tête au pied, et de s'adresser à lui d'une voix douce et calme, mais où perçait une certaine ironie.

- Je suis encore libre de choisir avec qui je passe mes soirées... Réel Potentiel. Et pour l'instant, ce que je vois de vous ne me donne aucunement envie de considérer votre... intervention autrement que comme une marque d'impertinence et d'ingratitude envers votre hôte.

Elle se redressa sur sa place et le toisa de nouveau, le sourcil toujours arqué. C'était une Xi Xia, une femme libre et fière, aussi libre et fière que l'homme assis à côté d'elle, et surtout une courtisane aguerrie et appréciée qui n'avait pas besoin d'un pouilleux plein de morgue dans son entourage.

- Et je ne vous permets pas de parler de moi à quelqu'un d'autre que moi, surtout de la sorte et quand je suis dans la même pièce. Je trouve cela grossier.

Un rire dérangeant sortit de la bouche de Zu Han avant qu'il ne reprenne son calme

"Vous me plaisez de plus en plus belle ange, mais nous savons vous et moi que jamais votre regard ne se porterait sur moi si j'étais poli, d'ailleurs c'est le cas de la plupart des gens. Je suis grossier ? Je dirais plutot réaliste et direct. Je suis impoli ? Parce que ça me fait gagner du temps. Et si je demande au Général de me donner votre personne c'est qu'il était là le premier à la demander et surtout qu'il semblait vouloir que je combatte pour lui. Si c'est le cas, ça sera à lui de vous convaincre. Quoiqu'il en soit, j'ai donné mon prix pour outrepasser mon envie de liberté et pardonné moi mais quelques heures avec une dame et un érudit prêté ce n'est pas cher payé je trouve"

Zu Han était conscient de l'outrage qu'il faisait, mais ce n'est pas aujourd'hui qu'il commencera à changer. Au moindre mouvement de sa suite, il était prêt à dégainer son arme pour se tailler une sortie dans les troupes du général, au moins on se souviendra de lui comme celui qui a énervé l'un des généraux les plus dangereux au monde

Nuarchi grimaça un sourire crispé...
Un sourire que les hommes connaissaient bien et qui précédait souvent une décollation. Il fit singe à la danseuse d'observer le silence
puis se levant d'un coup sur son siège, et frappa du poing sur les accoudoirs qui se fissurèrent légèrement

- Il y a une limite entre le courage et l'idiotie, chien de guerre, et tu viens de la franchir allègrement... Si ta tête ne danse pas au bout d'une pique dans les cinq minutes qui suivent c'est que tu restes un allié jusqu'à la fin du jour présent.
Mais si je te croise une nouvelle fois, traîne-misère, je te fais pendre par les tripes...
Amarchi, fais moi sortir les ordures que tu as amené à ma soirée !

Le silence de mort fit place à un cliquetis d'armure et en quelques secondes la moitié des soldats présents étaient déjà prêts à l'affrontement.
Amarchi frappa avec violence sur la nuque de Zu Han

- Agenouille toi, chien ! Et demande pardon au seigneur Nuarchi !rugit-il

L'heure était venu d'entrer dans le vif du sujet. Bizarrement l'optique de se battre ne dérangeait pas Zu Han le moins du monde. Alors qu'Amarchi lui frappait la nuque il se mit à rire comme un fou en se baissant légèrement comme pour préparer la génuflexion.

"Hahaha la fierté de l'homme ! Pardonnez moi seigneur ..."

Sa tête toucha le sol

"... mais je vais devoir tuer tes hommes"

Aussitot la phrase fut elle finie que le vagabond bascula en avant pour mettre de la distance avec Amarchi et surtout se pivoter pour se diriger vers la sortie. D'un mouvement rapide, il dégaina son arme. Sa position était loin d'être orthodoxe car il était à moitié accroupi avant de bondir comme un crapaud, droit vers la sortie. Son attention n'était pas de tuer toutes les personnes présentes, mais de partir de cette cité qui n'avait plus rien à lui offrir en taillant dans le vif du sujet

C'était la consternation parmi les courtisanes de l'assemblée, et la peur revint lorsque les hommes se levèrent pour punir l'insolent. Elles battirent prudemment en retraite et se regroupèrent dans un coin de la salle, et Yu Yan leva discrètement la main pour les enjoindre au calme. Le coup d'éclat du mercenaire, inutile et déplacé, avait ruiné l'ambiance de la fête (ainsi que toute chance d'être un jour autre chose qu'un va-nu-pied) et Nuarchi à ses côtés était très irrité. La jeune femme entreprit donc de le resservir en vin et en nourriture avant de lui adresser un délicieux sourire.

- Je vous demande pardon, mon seigneur. Je n'aurais pas dû parler sans votre autorisation.

Elle remplit sa tasse de thé, reprit quelques légumes sautés. Peut-être qu'un peu de musique pourrait adoucir les moeurs après le repas... Et tandis que les armes et les armures cliquetaient, et que les hommes se lançaient à la poursuite du fuyard, elle réfléchit pièces qu'elles pourraient jouer pour détendre l'atmosphère.

La peste soit de ce misérable et de ses prétentions de liberté !
C'était bien la peine de se donner tout ce mal en arrivant. Yu Yan détestait quand elle voyait ses efforts réduits à néant par un imbécile et quelques paroles irréfléchies.

- Pendez moi ce sac de viande au bout d'une pique ! Quatre chevaux pour celui qui me le ramène en bout !

Légèrement avinés, les hommes mirent un certains temps à réagir et ne parvinrent pas à bloquer la porte. Une lance derrière un bouclier fût prestement esquivée par un mouvement, mais s'en prendre à une unité d'élite seul et sans véritable plan d'attaque était loin d'être une bonne idée.
Le vagabond virevoltait à travers la pièce de manière anarchique, roulant à droite, sautant à gauche, frappant de taille et d'estoc avec la seule intention de faire reculer un adversaire qui avançait sans cesse.
Mais la bravoure ne fait pas tout, et l'épuisement gagnait les muscles engourdis du guerrier, et les multiples entailles superficielles qu'il avait pu recevoir commençaient à se faire ressentir...
La brèche, formée à la sortie, commençait progressivement à se refermer alors qu'il avançait péniblement vers l'extérieur...

Tu as perdu 12 Points de Souffle au cours de cette action.
Trois soldats sont blessés assez sévèrement, mais la garde se compose d'une vingtaine de personne, dont 9 au moins ont l'espace de te toucher.

La bataille était relancée le sang giclait de partout alors que Zu Han tentait d'esquiver les attaques tant bien que mal mais à ce rythme je ne risquais pas de m'en sortir vivant. L'heure était donc venu de passer à une autre stratégie. Le combat à découvert n'était pas à son avantages alors il fallait qu'il entre dans un batiment pour fuir de la ville. L'obscurité était mon allié et même des milliers de soldats Jin ne pourront regarder dans tout les coins. D'un hurlement presque agacé je m'adresse aux soldats devant moi pendant que je les tranchais et commençait mon plan

"FOUTEZ LE CAMPS BANDE D'ENFOIRES J'AI PAS DE TEMPS A PERDRE AVEC VOUS !!!!"

Le coup de sabre heurta un bouclier et fit voler un minuscule éclat du tranchant, qui partit se planter contre une poutre...
Le second coup de sabre s'abattit sur le visage du soldat devant la porte, laissant une profonde entaille rouge qui descendait du front au menton.
Le soldat se tint le visage dans les mains, et laissa suffisament d'espace au mercenaire pour bondir à l'extérieur. Un dernier coup de sabre lui entailla l'épaule et il roula au sol pour se remettre prestement debout et courir en direction de n'importe quel bâtiment susceptible de le cacher...

Les clameurs commencèrent à raisonner dans la ville et la milice privée de Nuarchi se répandit dans la rue à la recherche du vagabond...Torches en mains, ils encadrèrent les principales artères et firent courir le mot.
Si jamais l'un d'entre eux repérait les traces de sang sur le sol, il parviendrait rapidement jusqu'à lui.

Plaqué contre un mur d'une auberge abandonnée, Han Zu Entendit le bruit d'une corde que l'on déplie juste à ses cotés : une voix dissimulée derrière un foulard lui parvint du toit de l'auberge

- Monte et dépêche toi !

Perte de 6 Points de Souffle lors du combat de masse. Un mort et deux autres blessé à déplorer chez les Jin.

Aussitot Zu Han a-t-il vu la corde, qu'il vérifie s'il n'a pas laissé de sang par terre avant d'y monter. Son corps était légèrement douloureux contrairement à ce qu'on pourrait penser, il avait un grand sourire aux lèvres. Maintenant, il pouvait se dire qu'il avait énervé un puissant seigneur de guerre. 4 Chevaux ? J'espère qu'il va mettre plus que ça sur ma tête quand j'aurais quitté la ville et passé à l'ennemi. Alors que je monte je regarde mes sauveurs

"Salut les gars, belle soirée pour une balade, hein ?"